Marian travaille comme infirmière dans un mouroir pour personnes âgées. C’est une femme solitaire et frustrée, comme étrangère au monde qui s’agite autour d’elle. Elle croise le chemin de Konrad, un homme mystérieux qui l’obsède ; c’est la rencontre de deux solitudes et peut-être de la même perversion inassumée…
L’histoire est réduite au minimum, pour laisser toute la place à l’expansion des désirs, refoulés, inassouvis. Le corps maigre de Marian, épuisé de n’être pas touché, devient le terrain d’expériences destructrices. Tout baigne dans des lumières parfaites, où les clairs-obscurs sont réglés au cordeau, où le décor épouse les contours de ces cris silencieux avec une maîtrise qui rappelle Lars Von Trier ou Michael Hanneke, autres grands explorateurs de la violence de la luxure et références visibles d’Urszula Antoniak. Le montage sonore, en décalages subtils et sous-tendu par une musique obsédante et sourde comme les battements de coeur, confine à la perfection. C’est une évidence, Code Blue est absolument exemplaire en termes de mise en scène.
Que les obsessions de la réalisatrice paraissent trop sales, trop dures à certains, cela peut se comprendre, d’autant plus qu’on s’est habitués à la gratuité d’une violence à la mode, y compris d’ailleurs chez Von Trier. Mais ici, me semble-t-il, tout est pesé, pensé, et rendu avec une force incroyable. Code Blue fera certainement débat, et n’a pas fini de choquer les spectateurs sensibles, mais pour nous, c’est un grand film.
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Ursula Huelsmeier a écrit :
Réalisatrice Urszula Antoniak est hollandaise et n’est pas danoise (Dutch = from Holland - not Denmark).
katasia_k a écrit :
J’ai vu le film hier et je le trouve magnifique. Sûrement plus intéressant que les autres films de la Quinzaine (pour le moment). Il en dit beaucoup sur l’état de la société contemporaine et sur la solitude dans la culture occidentale. Certes, il peut paraître cruel mais la violence est toujours là pour une bonne raison et non seulement pour choquer.
Salomé Hocht a écrit :
@ Ursula: indeed, c’est le film qui est danois (et néerlandais).
@ katasia: bien d’accord avec vous.