Mind Your Head #13: Basement + It It Anita + Jack & the Bearded Fishermen | Point Ephémère | 29.11.14
Comme prévu, les libournais arrosent la majorité présente d’une salve de riffs qui défoncent sans forcer. Basement est un des rares groupes français issu des années 90 et qui ne sonne pas dâté, qui ne sent pas le moisi et qui n’a point l’air défraichi. La puissance de leurs compositions prend systématiquement le dessus, physiquement : je veux dire que les lignes de basses de Sabine bourrent les genoux à coups de sabots, que les riffs de Christophe saisissent à la gorge et que les pêches de David tapent dur à l’estomac. La dynamique est plus lourde que sur enregistrement, plus humide et poisseuse, peut-être un peu trop lente parfois mais cela ne nuit pas à la régulière répétition de moments de bravoure, particulièrement sur les deux morceaux d’Everything Gets Distorted, Slow Waiting et Release Me.
Car Basement joue sur la puissance – une de ses véritables forces dans la construction de ses morceaux, constamment syncopées, à l’altière amplitude, aux pièges retors – mais ne délaisse jamais le style, parsemant régulièrement ses titres d’appels/contre-appels, de tics rythmiques et de vicieuses mélodies qui maintiennent l’attention et l’envie de se faire sévèrement bastonner par une musique droite, fière et – surtout – véritablement belle. Par ces mélodies déjà évoquées, cette tension infinie, le chant agressif et éraillé de Christophe, Basement se pose en grand seigneur et se valorise sans forcer auprès des cadors du genre. Excellent concert du trio qui aura régné de manière aisée sur cette soirée.
Deux groupes ouvraient pour les libournais. Jack & The Bearded Fishermen, en premier lieu, quintet de Besançon, pour une grosse farandole de guitares qui avancent comme un immense véhicule blindé. Les compositions sont justes, efficaces, puissantes, mais peinent à délivrer ce fameux petit quelque chose qui les projetteraient facilement au-dessus de la mêlée, qui les rendraient forts et visibles, qui leur permettrait de surfer sur la crête haute de la vague instable du style. Peut-être est-ce ce chant un peu tendre, trop discret, ce systématisme un peu bourrin dans les rythmiques, qui entraîne une douce lassitude, mais Jack & the Bearded Fishermen ne dépareille pas pour autant en livrant un set tout de même solide.
It It Anita suivait: les belges commencent très forts avec ce dynamisme saccadé et criard pour se rétracter quelque peu et se faufiler à travers de sinueuses compositions qui, si elles s’avèrent justement construites, pêchent par manque de concision. On se laisse perdre dans les morceaux du quatuor et cette tendance s’affirme de plus en plus en effaçant peu à peu l’attention portée au groupe. C’est dommage, car It It Anita dispose de réelles qualités d’attaque dans l’agressivité des riffs et dans sa manière d’envisager le chemin emprunté par ces titres. Plus de fermeté, privilégier les moments glaçants d’effroi plus que les passages tièdes de mœurs, une carte d’objectifs clairement définie et le plan d’action pour l’atteindre le plus rapidement possible: voilà ce sur quoi peuvent travailler les belges pour passer un cap, et qui les amèneraient à véritablement se révéler.
Mention spéciale et ultimate big up au lighteux du Point Ephémère qui s’est empressé d’inonder les groupes d’une pluie de couleurs criardes et malvenues pour une tumultueuse vague de stroboscopes façon Disneyland, obligeant régulièrement à détourner les yeux de la scène tant ce jeu de lumières était agressif.
Crédit photos: Floriane Miny
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Basement: http://basementfurianoise.bandcamp.com/
It It Anita: http://www.ititanita.com/
Jack & the Bearded Fishermen: http://www.jackandthebeardedfishermen.org/
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