Movie Star Junkies - Evil Moods

A tel point que le concert dût même être stoppé - la salle était sévèrement blindée et offrait à la vue une immense boule de chair humaine crachant bras et jambes dans un désordre brûlant – au bout de quatre morceaux tant la possibilité qu’un spectateur retrouve son corps plié en quatorze parties inéquivalentes était plus que probable. Quelques mois plus tard, au Trokson, à Lyon, les italiens ont pu cette-fois ci larguer sans interruption un interminable tapis de mort, prestation semblable à une émeutière boule de feu prête à tout avaler sur son passage.

Malheureusement, les Movie Star Junkies ont cette sale réputation qui leur colle à la peau : celle de s’être récemment assagi, d’avoir posé le cul sur la chaise et de se laisser traîner les bras ballants comme un évident signe d’inanité. Ce n’est pas faux, les italiens ont levé le pied depuis quelques années maintenant, et donnent des concerts parfois à la limite du baloche qui contrastent tellement avec leurs premières prestations qu’on en vient à regretter que toute cette liquide sauvagerie d’animal pochtronné se soit diluée au fil du temps à travers le filtre étroit, sec et morne de la maturité.

Evil Moods, le dernier album du groupe, semble tout de même plus enlevé que le précédent : ça titube et slalome entre les poches d’alcool, ça se réjouirait que tout cela se finisse rapidement sans un mot innocent, mais on peine malheureusement à retrouver toute cette divine flamboyance avinée. Après coup, les Movie Star Junkies ne dépareillent pas tant que ça : on pourra simplement préciser que leur musique, en terme d’illustration sur l’échelle de la cuite, s’est déplacée de ce suprême point d’intensité qui donne la volonté de tout atomiser à ce type de fin de soirée un peu difficile, la bouche lourde et les envies déjà bien pâteuses. Pour qui ne regrette pas le passé des italiens, Evil Moods possède tout de même certains moments de grâce, et contentera plaisamment les nouveaux venus.

Crédit photo: Antonio Campanella

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