Hammerhead + Pord + Mexican Purple Wine | le Point Ephémère | 29.09.14
Mexican Purple Wine s’avère particulièrement frontal, tout dans le rouge, racle le sol comme un animal, fuse des riffs à l’huile, laisse tout filer. Cela donne précisément l’impression d’être bourré, de ne point contrôler ses mouvements d’ivrogne, de n’en avoir rien à foutre, d’emmerder sainement son prochain, d’appeler à l’extermination de toute forme de bienséance et revenir à la primitivité des émotions engendrées par l’alcool. Le groupe balance une généreuse dose de brutales lignes droites et de grossiers terrains d’accords pour le plaisir d’enculer paisiblement toute manière de finesse. C’est la basse qui mène la danse, qui dirige les débats, qui écrase la scène, doublée par la voix de Lafaye qui gueule d’une très correcte élégance. On sent la politesse, le respect, l’envie de bien faire, particulièrement lorsque celui-ci rehaussera à chaque intermède la son de son instrument.
Fruste, rustre et salement sauvage, une prestation crachée comme pouvait l’être celles de Café Flesh, à cela près qu’on fonce ici deux fois plus vite et que le trombone ne tremble plus à travers les vagues de vulgarité sonore d’un groupe de personnes, ma foi, parfaitement infréquentable.
Pord enchaîne par la suite. Pord est une désirable masse de ciment. Une boule d’égout qui fond proprement sur les coins de la gueule, qui secoue par spasmes les entrailles, qui gigote comme un captif dans le coffre d’une voiture. Le trio n’est jamais aussi bon que lorsqu’il bloque sur un riff, qu’il monte la tension au-delà du simple tour de bras, qu’il fume la pensée, qu’il annihile la volonté et part s’immiscer dans les profondeurs de la nuit. Tout est noir, la lumière n’apparaît jamais, délaissée dans un caveau de désillusion, tout est physique, lamine par sections, balance le visage de force dans un plan d’eau. On se noye à travers les différentes strates de riffs, l’air manque, tout est comprimé à l’extrême.
La plupart des morceaux sont neufs, tirés du dernier album du groupe, Wild. Cela défile comme un serpent de métal, il est parfois difficile de tout saisir quand on ne connait pas les morceaux au premier abord et que l’on ressent cette douce sensation d’une gueule qui racle toute la longueur d’un caniveau. On the Couch clôt le concert sur un épique final doublé d’une touche de sensibilité qu’on ne leur connaissait pas, morceau rassurant qui nous fait dire que ces lozérois sont agités de suaves émotions, et que sous leur inamovible et carnassière carcasse se trouve en définitive un véritable coeur qui bat.
Première ligne de chant de Sanders, première coulée de bave. Hammerhead brillera sans forcer le temps d’une dizaine de morceaux fatalement frénétiques et frontaux. Le trio américain combine et fusionne tout ce que la noise américaine des années 90 pouvait avoir d’intense, constamment à l’équilibre sur une ligne d’explosion, lâchant des goulées de bile salve par salve sans jamais s’arrêter.
Multiples parades enchaînées avec un brutal impact, une précision de faucon, une vitesse vengeresse, imposant par-là une resplendissante puissance de feu. Tout est direct, classique dans la forme mais terriblement efficace dans la structure, pas de détours, cela fonce tout droit pour une rythmique qui barde et trace le plus loin possible, propulsant une procession de riffs acérés et revanchards. Concert parfait des américains.
Crédit photos: Shoot Me I’m Sick
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Hammerhead: http://hammerhead.bandcamp.com/
Pord: http://www.pord.fr/
Mexican Purple Wine: https://mexicanpurplewine.bandcamp.com/releases
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