Suuns + Holy Strays | La Gaîté lyrique | 01.10.2014

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Après la claque prise à Nîmes en mai dernier, c'est tout naturellement que nous avons pris le chemin pour le cœur de Paris, en quête d'ivresse.

La soirée démarre dès 20h30 avec Holy Strays, une bonne découverte française. Malgré un début difficile, on finit par prendre un vrai plaisir à voyager de nuit sur les différentes nappes électroniques. L’ensemble est assez froid, mais les petits coups de saxo comme les influences multiples (techno par-là, dub par ci, acid parfois, …) ajoutent ce qu’il faut d’organique pour garantir un son riche et intéressant.
A revoir prochainement afin de confirmer cette bonne impression.

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Vient le tour des Suuns qui commencent avec une sorte de chant incantatoire sous un soleil de plomb projeté sur les trois écrans de la salle… avant que tout ne finisse torturé, déformé, déstructuré.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce groupe montréalais qui sévit depuis 2006, leur spécialité consiste en la fusion parfaite quoique assez instable entre l’organique et le synthétique. Les sons sont lourds et écrasants, enveloppés de nappes et boucles synthétiques lentes et massives sous un nuage de riffs orageux comme on en entend rarement.

Avec deux albums à leur actif, Zero QC ou d’Image du Futur, les Suuns ont déjà un bon petit catalogue de tubes lesquels, en live, apparaissent défigurés, prenant alors une autre dimension. Les boucles sont toujours plus insistantes, poussées à bout. Nos nerfs et nos sens aussi. On est d’ordinaire admiratifs devant cette peinture sonore, celle de la vision dystopique d’un avenir qui leur apparaît bien plus incertain qu’au commun des mortels. Sauf que ce soir-là cette anxiété a dû prendre le dessus, et que la déferlante ne nous a pas soufflé instantanément. Avec cette sensation que le groupe n’y était pas. Ou peut-être trop… Le set a paru bien lisse pour être franc.

Alors oui, le groupe est toujours aussi froid ; ce n’est pas un problème : cela fait partie de leur identité. Le problème vient plutôt d’une urgence qui n’est plus au rendez-vous. D’une tension proche de la rupture sur leur album (ou même sur leur précédent live vu à Nîmes) qui a tout simplement semblé étouffée, voire carrément absente.

Suuns (pose longue)

Cette différence d’impression entre deux expériences suuns-esques s’explique probablement par le fait que pour ce concert parisien, le groupe avait le temps, contrairement à ce qui fait la règle en festival. Exit donc, la condensation des morceaux, comme l’impératif de se battre pour convaincre un public pas forcément acquis à sa cause. Toujours est-il qu’au final, le concert a paru bien long, au point de nous lâcher totalement aux deux-tiers d’un set de plus d’une heure et demie. Non seulement la seconde moitié du concert est apparue redondante et peu contrastée, mais encore la magnifique Pie IX qui a précédé le rappel a semblé fade et bâclée. Comme si le cœur n’y était plus, y compris sur scène.

Quant au son, il était faible et perfectible, sans pour autant pouvoir déterminer si la faute en incombait à la salle ou non.

En résumé un groupe lisse et plus froid que jamais, à l’urgence disparue, pour un ressenti technique différent … A se demander si les Suuns ne perdraient pas leur humanité au profit des machines… A moins qu’ils ne se soient résignés ?

 

Et malheureusement, pas de gueule de bois le lendemain.

 

Crédits photo : Cédric Oberlin

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A propos de l'auteur

Image de : Passionné de musiques électroniques et synthétiques, il est toujours en quête perpétuelle de sons et de vagues de boucles synthétiques qui l'accompagnera de longues heures. Grand rêveur originaire des Bouches du Rhône (13) voguant à présent dans les îles de France, il cherche à partager ses coups de coeur par tous les moyens possibles.

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