The Intelligence + T.I.T.S | le Point Ephémère | 28.08.2014

The Intelligence, à première vue, sent la sobriété, ne verse pas dans le vulgaire comme la plupart de leurs contemporains évoluant dans la même vague, reste droit, pur, franc. Comme déambuler dans un couloir de supermarché, en sommeil mais sûr de soi, sûr de sa puissance, de sa confiance, celle que l’on travaille quotidiennement en triant soigneusement ses chaussettes par couleur, ou en réunissant lardons et gruyère dans un sandwich géant défiant les lois de l’apport en protéine. La musique de The Intelligence respire l’insouciance des inconscients, tout en présentant les multiples qualités des laquais doucement névrosés par l’insatisfaction personnelle.

Concrètement, cela évoque avec précision cette sensibilité qui ne se nourrit jamais d’alcool mais qui toujours dans la vie avance l’air bourré: une espèce de détachement désintéressé mais passablement éméché, fonçant la gueule neutre droit devant, niant passé comme futur mais faisant copain-copain avec le cosmos. Renversement des tendances, paradoxe mystique, le groupe de Lars Finberg affiche une impassible moue sur scène, celle des capables, corne des riffs équerre à la suite, sans sourciller, émettant la décontraction du genre gagnant, atteignant des sommets de style sur Dating Cops, Hippy Provider ou The Galaxy.

Les accords sont agréablement anguleux, boulent benoîtement le futur et mettent à l’amende l’avenir. L’impression, sur scène, de ressentir une unité de ton dans le son, contrairement à certains de leurs albums, plus rudes, moins produits, leur confère un inestimable sceptre de puissance. Le quatuor fait face, solide, et à mesure que le concert s’avance, cela lamine plus tranchant, plus dur, plus sec, jusqu’à cet excellent final, Males, et son riff boucle d’obsession que le groupe fera tourner jusqu’à l’infini.

T.I.T.S assurait la première partie, le groupe parisien aura satisfait l’audience à force d’inlassables crachats revanchards, larsens gouailleurs et regards frondeurs, maugréant la plupart des morceaux de leur premier album sorti cette année, sur Teenage Menopause Records. On aura l’occasion d’en parler plus longuement dans notre article sur le Freakshow, excellent festival où les parisiens ont joué, le week-end dernier.

Crédit photo: Robert Gil

A propos de l'auteur

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