Braids + Holy Strays | le Pop-Up du Label | 29.04.15

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Braids, pour la première fois, jouait son nouvel album sur une scène: c'est à Paris que les canadiens débutait la longue période de tournée qui suit l'ajout d'un pion supplémentaire dans une discographie. Celle du trio de Montréal comptait déjà deux superbes album, et Deep in the Iris, le tout dernier, s'équilibre à merveille sur cette fine ligne de l'excellence qu'ils tracent depuis maintenant cinq ans.

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Braids, c’est plutôt tranquille. Ça se laisse doucement traîner, couler comme un cours d’eau un peu sinueux, parfois accidenté, souvent langoureux. Les notes couleur vert d’eau glissent et roulent comme dans une source agitée : on y distingue de tourbillonnantes aspérités qui se rencontrent, s’achoppent et s’échappent dans la plus inquiète des douceurs.

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La musique de Braids évoque immanquablement la nature, paraît naturellement s’imbriquer dans un environnement à caractère solitaire, là où l’on s’apaise et réfléchit, là où l’on bute et se relève, là où le regard s’égare à travers les arbres d’une forêt encore embuée par la fraîcheur d’une pluie passagère. Cela s’allonge lentement dans une mélancolie quelque peu distraite, évanouie comme une douceur blessée, inquiète ou perdue, s’alanguissant sur les couches aqueuses d’un piano qui s’affirme comme l’édifice central du dernier album des canadiens.

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La voix de Standell transperce à chaque reprise ce fin rideau de bruine et prend son envol, ronde, puissante et chaleureuse, doucement enrobée d’une aura de bienveillance, étincelante et affectueuse, comme la lumière du soleil un matin du mois de mars, de celle qui s’étale et s’appose comme une plume sur la peau, paresseusement. Sa voix, qui parfois s’emporte et rugit, comme sur Miniskirt, est somptueusement mis en dynamique par un batteur parvenant à tout instant à illuminer les compositions du groupe par une grande variété de coups de batte, à l’impérial toucher, résonnant souplement à la manière d’un filet d’eau cognant le sol et s’éparpillant en une rosace de mille petites gouttelettes.

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Le groupe jouera l’intégralité de Deep in the Iris, son dernier album, pas de mentions donc des deux précédents LPs : seul reproche que l’on pourra faire aux montréalais tant cela aurait pu élever comme moduler d’autant plus l’intensité de la prestation du groupe. Concert d’une extrême beauté cela dit, en espérant de bon cœur les voir traverser une nouvelle fois la France avant la fin de l’année.

Avant cela, Sébastien Forrester paradait sur la bonne scène du Pop-up du Label. La musique d’Holy Strays est parfaitement souterraine: elle sonne comme une onde qui parcourt un immense tunnel s’étirant jusqu’à l’infini, rectiligne, arborant parfois d’élégantes courbes, innovant souvent de majestueuses formes géométriques aux contours des plus lisses. Les rythmes se rencontrent et se cognent réciproques aux couloirs anonymes de la galerie, renvoyant mille formes d’écho aux lignes mélodiques légères et volatiles, qui viennent, bondissent et bombardent la dynamique mille-feuille qui s’impose.

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On navigue à vue dans un labyrinthe obscur aux énigmatiques murailles qui s’élèvent comme des monuments, et qui parfois s’estompent sous une brume de Sphinx avec une sibylline notion du temps. Marquée tel l’infaillible et maléfique tic-tac d’une horloge, cette musique possède une impression de parcours, s’applique au mouvement, au cheminement d’une dynamique qui s’avance très poliment, sans aspérité, presque purifié : on trouve ici une propre sensation de netteté, comme un espace bien ordonné, où chaque élément fait sens et s’insère avec la plus évidente des justesses. Excellent concert d’Holy Strays, qui prépare et ménage les foules en vue de la sortie de son premier album, prévu pour l’hiver prochain.

Crédit photos: Cédric Oberlin

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