A Winged Victory for the Sullen | la Flèche d’Or | 20.11.14
A Winged Victory for the Sullen, à l’instar des séminaux Stars of the Lids, prolonge d’infinies petites poches de grâces, légères et douces comme la pluie. Ce qui frappe, au fond, dans cette musique, c’est précisément le fait qu’on y trouve cette sensation de protection, rassurante comme lorsque l’on se retrouve dans les bras de quelqu’un qu’on aime. Une émotion presque fœtale, qui fait barrage aux horreurs du monde, à la violence quotidienne, qui permet de strictement s’oublier une heure et demie durant. Une musique qui s’enveloppe autour de soi pour créer une tendre et chaleureuse aura de tiédeur, et qui, paradoxalement, se lance lascivement dans un éther immense, sans limites, sans parois, d’une apaisante vacuité. On voit global, on s’accroche à la trajectoire d’une planète, d’un espace, d’un univers. On se laisse glisser, bercer, comme le bruit doucement mélancolique d’un avion passant au loin un dimanche après-midi.
C’est largement plus que de la musique « relaxante »: ce sont d’élégantes et lentes vagues d’amour détrompées, c’est comme un sourire sur un visage que l’on chérit, c’est comme ce genre de surprise couleur soleil qui passe de la pommade au cœur. Cette musique ne ment pas, ne promet ni d’intenses reconversions, ni d’avenir prometteur, mais pose simplement les choses comme elles le sont, et abat ses cartes comme on laisse tomber sa garde. Cela soulage d’un poids certain, atteint parfois les cimes de la beauté, et parvient à de fugaces moments aux portes du sublime, à ce genre d’émotions qui happent tout entier vers cet ultime état de compréhension du monde. Sans suspense, A Winged Victory for the Sullen assène ici un magnifique concert, une heure et demie de doucereuse décomposition vers un cotonneux coma, le sourire aux coins des lèvres.
Si le groupe, live, reste inchangé par rapport à l’année dernière, la setlist s’est vu augmentée d’une paire de morceaux du petit dernier, Atomos, amenant par-là même des éléments électroniques - et parfois même certaines impressions rythmiques - à délicatement se fondre parmi les dérives d’échos de la musique du groupe. On retrouvera également avec plaisir quelques pièces du premier album, comme We Played Some Open Chords ou Steep Hills of Vicodin Tears. Pas de reprise de Sparklehorse cette fois-ci, mais une performance d’une grande beauté.
Crédit photos: Guillaume Delannoy
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A Winged Victory for the Sullen: http://www.awvfts.com/
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