Novecento, c’est d’abord un livre incroyable, avec la verve inimitable de Baricco. Publié en 1994 en Italie (1997 en France), il raconte l’histoire de ce gamin, trouvé dans une caisse en bois au bord du Virginian, paquebot qui traverse l’Atlantique de part en part dans les années 1920. Élevè par l’équipage, il ne descendra jamais de ce bateau ; et verra le monde à travers la musique, sa musique. Il voyagera dans les yeux des passagers et à travers son piano, 88 notes, noires et blanches…
Quand il écrit ce texte, Alessandro Baricco, probablement le plus grand écrivain italien encore vivant (connu du grand public notamment pour Soie, porté à l’écran par François Girard en 2007 avec Keira Knightley), déclare qu’il doute qu’il s’agisse d’un texte de théâtre, mais plutôt de quelque chose « qui serait à mi-chemin entre une vraie mise en scène et une histoire à lire à voix haute ».
Vaste défi donc pour notre André Dussollier national que d’adapter ce texte et de le mettre en scène… mais puisque c’est un désir qui ne l’a jamais quitté depuis sa première lecture du livre, il a décidé de tenter cette aventure théâtrale.
Sur scène, on retrouve donc la vieille tradition du monologue. André Dussollier est seul pour interpréter – plutôt raconter – l’histoire incroyable du plus grand pianiste du monde, Danny Boodman T.D. Lemon Novecento. S’il ne s’en tient pas rigoureusement au texte, on est néanmoins immédiatement immergé dans l’univers marin, poétique et musical de Baricco.
Il faut dire que la musique joue un grand rôle dans cette pièce. Si, selon ses dires, Baricco préfère une représentation dans une petite salle, sans musique, André Dussollier a su bien s’entourer pour donner vie et couleurs à l’œuvre : Elio di Tanna et Sylvain Gontard, au piano et à la trompette, Michel Bocchi à la batterie et Olivier Andrès à la contrebasse. Ils viendront ponctuer de nuances subtiles cette histoire rocambolesque et romanesque.
Niveau décor, ni trop ni trop peu : on est tour à tour sur les docks, ou à l’intérieur du Virginian. Un astucieux jeu de lumière permet de deviner l’intérieur du paquebot et de distinguer les silhouettes du groupe de jazz, jouant sur le pont ou pour les troisièmes classes.
Si l’interprétation de Novecento n’est peut-être pas à la hauteur du livre, le défi est relevé avec brio ; et ce voyage en compagnie d’André Dussollier est un vrai bonheur pour les spectateurs.
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En savoir plus:
Texte: Alessandro Baricco
Jeu et mise en scène: André Dussollier
Création et direction musicales: Christophe Cravero
Pianiste: Elio di Tanna
Trompette: Sylvain Gontard
Batterie et percussions: Michel Bocchi
Contrebasse: Olivier Andrès
Au théâtre du Rond Point du 12 novembre au 10 janvier
puis en tournée dans toute la France
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