Merchandise + Hermetic Delight | Espace B | 16.11.14

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Les Merchandise viennent tout juste de se libérer d'un quatrième album aux resplendissantes entournures, propre à les propulser aisément dans la stratosphère des sultans, là où leur nom est en définitive inscrit depuis bien longtemps. Ces jeunes élégants passaient à l'Espace B la semaine dernière, après avoir annulé la date de la veille, à Lyon, pour cause d'extinction de voix de Carson Cox, l'homme au micro.

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Merchandise projette une musique intemporelle, presque irréelle, conjuguant mille visions pour ne ressortir qu’une identité pleine et entière. Difficile à saisir, les morceaux des américains se détachent de toute traçabilité en émettant une certaine aura, une atmosphère incertaine, impalpable et nébuleuse, comme plongée dans un océan de rêves parfaitement référencées mais pour autant fuyants, comme insaisissables et impénétrables. Une sensation presque rassurante de se perdre dans un amas de nuages brumeux, flottant sans réelle direction, le corps inanimé, le sourire caressant le coin des lèvres et une putain de piña colada dans la main droite. Cela fait penser à ces situations de fiction où tout se déroule sans accroc, à la perfection, le flou laiteux du poste de télévision rappelant l’effet doucement factice de la chose. La production studio en moins, la filiation aux années 80 est beaucoup moins présente sur scène, le groupe en ressort plus frondeur et frontal, grâce notamment à un batteur particulièrement excité derrière son kit, bourrant ses fûts d’un barbarisme exacerbé en contradiction totale avec ses camarades.

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Ce contraste, de manière plus générale, fait partie intégrante du groupe, et cela même lorsque l’on observe les cinq membres évoluer sur la scène de l’Espace B : le batteur à la bastonnade facile s’oppose au nouveau guitariste de la formation live, qui affiche sans honte une présence scénique comparable à celle d’un caillou. Le guitariste de gauche, par contre, chemise rouge et sévères entrechats, s’en va goûter la sueur de la scène avec le dévouement des transis. Carson Cox, quant à lui, au micro, assure une voix étrange, comme parsemée de doutes, cependant mêlée à l’assurance des meneurs naturels. La rumeur voulait que le groupe ait annulé la date à Lyon, la veille : l’homme blond ne retrouvait plus sa voix et préférait la faire taire en attendant Paris. Celui-ci ne forçait donc pas, et cela ce sentait, dans ses envolées parfois mitigées, ces sourires en coins révélateurs, ces pas de danse cachés. Tout cela concourt à cette ambiance étrange, à ce singulier esprit, pourtant d’une classe certaine.

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Certes, on sent le potentiel d’un groupe qui peut d’évidence devenir énorme, même si quelques détails restent à corriger sur scène, décalages qui participent pourtant à un ineffable charme : un batteur qui devrait parfois éviter de buter ses tambours, une voix plus en forme, une présence plus collective. Encore de la pratique, comme ils le disent eux-mêmes, avant d’arriver à l’éternelle flamboyance, mais déjà une élégance innée propre aux plus grands moments de bravoure. La setlist, comme on pouvait s’y attendre, résonna, quant à elle, d’une myriade de tubes : True Monument, Little Killer, Time… Des titres issus du tout dernier comme du deuxième album, Children of Desire, ou du récent split avec Destruction Unit et Milk Music.

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Il y avait Hermetic Delight en première partie. Quintet qui, si l’intention était bonne, ne perdrait rien à forcer son jeu : pousser encore et encore le son dans ses retranchements, en rejoignant les extrêmes pour plus de saturation, de répétition et de sauvagerie, car il manque ce petit supplément d’énergie pour définitivement faire basculer le groupe dans une autre dimension.

Crédit photo groupe: Lio Cha
Crédit photo guitare: Oliver Peel

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