The Wishing Machine, machine à voeux vénéneuse

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C’est arrivé il y a peu. Dans la toute petite cave du Buzz à Paris, dans le creux d’une nuit froide, comme un incident nucléaire devant lequel on n’est jamais vraiment préparés. Là, un groupe, ou plutôt un bourgeon de groupe a établi ses premières ramures, sinueuses et explosives à la fois. Il s’agit de The Wishing Machine. Vous ne les connaissez pas encore et pourtant ils ont le potentiel pour devenir des incontournables de la scène électro française.

Dès le premier instant, the K, le multi-instrumentiste du duo, installe une atmosphère presque cinématographique, hypnotique, magnétique. Clinic égraine les accords de clavier entre dissonances et discordances, une proportion mélodieuse s’installe. Puis vient la voix de Sophie Boss : le long d’acouphènes calculés, la petite plante fluo aux leggings néon pousse et prend sa place, occupant très vite tout l’espace qui lui est imparti. Timelapse vocal, organique. Au fil des « Mayday », la voilà qui se fait sirène. Les paroles lancent un appel en bouteille à la mer mais le groupe a déjà une telle assurance que le doute s’installe : « quel piège peut-il se dissimuler derrière cette machine inquiétante? ». Il s’ébruite dans les nuits mouillées de Montreuil dont il est originaire, que le K serait le fruit d’une manipulation cybergénétique. Derrière son armada technique, le voilà savant fou, électron libre. Le spectacle, souligné par les visuels sans faute de la graphiste/réalisatrice Nono la Mine attire du monde, à chaque fois que l’on se retourne la foule grossit dans la toute petite salle de concert.

Sur Scarlett River, l’organe de Sophie se fait plus puissant, puisqu’elle doit réussir à traverser miles et océans pour atteindre sa muse. Inspirée par le modèle alternatif éponyme, la chanteuse se présente dans des ambiances sonores moites et sensuelles en double de Poison Ivy. La voix s’enroule façon liane autour des volumes de la pièce et finit par trouver point d’ancrage au creux de votre cage thoracique. Vavavoom !

Avec Crushtest, TWM confirme sa venue d’un autre monde. Les nappes rappellent parfois le thérémine interstellaire, les courts-circuits et autres soubresauts mécaniques sont ceux d’un vaisseau vivant. Cette musique respire. La piste irradie comme une balise automatique, elle vous appelle. La voix prend plusieurs dimensions, elle excelle dans un grave implacable comme à l’aigü, lancinante. On imagine l’entité extraterrestre avoir le même discours, directif, impératif et irrésistible. À ce stade de l’écoute, on leur livre volontiers les clés de la ville ou du pays. Crushtest est une histoire d’obsession qui finira mal.

Enchaînement avec une reprise de Nine Inch Nails, The Perfect Drug. La bouture a pris si profondément dans la piste que celle si semble avoir été écrite par le groupe. The K en renfort aux chœurs offre un équilibre parfait à la performance avant d’enchainer sur un solo clavier enivrant. Dans cette nouvelle version bionique, post-apocalyptique, presque 20 ans après sa sortie, The Perfect Drug résonne encore comme une évidence.

Des notes en grappes harmonieuses tombent goutte à goutte dans la cette salle qui s’est transformée en cocon. Mirrors, le premier single du groupe clôt cette expérience du 3ème type. The Wishing Machine pulse de plus en plus en fort à mesure du crescendo vocal. Sombres, les paroles évoquent un examen de conscience aux frontières de la folie. L’écho du miroir ne fait qu’accentuer l’idée que quelque chose a grandi et gonflé durant ces dernières minutes. La créature est prête à éclore et le public, fasciné, en veut encore.

visuels by Nono la Mine pour The Wishing Machine

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A propos de l'auteur

Image de : Mélissandre L. est une touche à tout, et c'est sous prétexte de s'essayer à tous les genres littéraires (romans pour enfants, nouvelles pour adultes, SF, chansons voire recettes de cuisine et plus encore) qu'elle se crée des avatars à tour de bras. En ce moment, elle se passionne pour la cuisine vegan et le crowdfunding, elle ne désespère pas de relier un jour les deux. Profile Facebook panoptique : http://www.facebook.com/Mlle.MelissandreL / Envie de participer à son dernier projet ? http://www.kisskissbankbank.com/marmelade

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