Magnetix + The Feeling of Love + Violence Conjuguale | le Café de la Danse | 15.09.2014
La soirée débutait relativement tôt, et l’on arrive malheureusement sur les dernières notes du duo français, qui aura eu l’air d’avoir conquis une salle se remplissant petit à petit. Suivent les messins de Feeling of Love, dont la formation quatuor s’affirme depuis la sortie du dernier album, Reward Your Grace, excellente pièce d’indifférente et brusque désinvolture. Car les Feeling of Love amoncellent des monticules de nostalgie, de regrets, d’envie farouchement résignée. Une indolence élégante, de celle des fourbus par la vie, des perdus, de ceux qui mirent le soleil sans réellement penser au lendemain, de ces gestes sevrés d’énergie mais à l’indéboulonnable volonté. Les morceaux filent comme des missiles, sentent l’alanguissement des puissants, l’exécution animale et sentimentale des nonchalants, la lumière de l’abandon de toute forme d’action. Seuls les gestes élémentaires de la vie survivent : sourire badin et détachement souverain.
Une poignée de nouveaux morceaux sera jouée, dans la même lignée des deux derniers albums, doucereusement empoisonnés, tapant moins dans la contrition pécheresse d’un impudique que sur un délassement lascif enroulé dans les méandres de la nuit. L’avant-dernier titre, notamment, doté d’un riff remarquablement punitif façon coulée de boue sur pente raide, à la puissance d’un damné et le caractère d’un infidèle, sermonnera lourdement la salle.
On notera une nouvelle fois le jeu de batterie fort percussif de Seb Normal, entrecroisant les pêches de tom avec une fluidité bienvenue quand le batteur de garage classique enchaîne les approximations de jeune ivrogne. Un concert d’excellence pour les messins, comme on en a l’habitude maintenant.
Magnetix enchaîne par la suite sur scène. La musique du duo bordelais sonne précisément comme un crachat. Un crachat travaillé au fond de la gorge, une lame de salive qui fend l’air, une vague de gouttière dans l’atmosphère, une moue morveuse et dédaigneuse. La guitare de Looch Vibrato s’engraisse d’un fuzz écume et muqueux, le son de sa guitare s’annonce comme une sécrétion ininterrompu de salive coléreuse et scélérate, pour lequel Aggy Sonora ouvre le chemin par de multiples roulements d’une sobriété chamanique.
Le duo parvient à enchanter le public, ça se bouscule vite fait devant la scène, l’ambiance est bon enfant et voir le groupe dans ces conditions d’amour collectif décuple leur puissance de feu. Les hits sont joués, I Drink But My Guitar Does Not verrouille l’audience dès l’entame du concert, Living in a Box, si mes souvenirs sont bons, souffle un marasme de mort sur la foule en liesse quelques titres plus tard, et une version particulièrement définitive de Mort Clinique aura raison de l’intégralité de la fosse vers la fin du spectacle. Plus intense qu’en début d’année à la Clef, plus sale et sauvage, Magnetix s’imposera sans forcer au pinacle des princes du riff.
Crédit photos: Julien Chazo
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En savoir +
Magnetix: http://www.magnetix.fr/MAGNETIX.html
The Feeling of Love: http://www.bornbadrecords.net/artists/the-feeling-of-love/
Violence Conjuguale: http://www.violenceconjugaleband.net/
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