Colorés à l’image de la pochette, à la fois solaires et lumineux ou très contrastés et sombres, les douze titres de l’album promettent des errances entre rêves et réalité. Ce second disque de l’artiste s’ouvre sur I Come in Peace, avec une introduction de percussions, des arpèges et une voix lointaine et déjà enchanteresse. Ainsi, Soko s’installe, prête à envoûter son auditoire tout au long du disque. Ici la magie opère dans des nappes mélodieuses. Le larsen qui ouvre Ocean of Tears permet d’aborder la couleur majoritaire de cet opus, plus orienté vers la pop des années quatre-vingt, que ce soit dans le traitement des instruments ou dans celui des sonorités clairement héritées de The Cure, pour ne citer qu’eux. Le titre est paru récemment, tout comme celui qui suit : Who Wears the Pants, le premier extrait de l’album. Ces deux derniers morceaux sont dynamiques, entêtants et particulièrement entraînants. My Precious est annoncé par son titre dès les premières secondes, comme l’artiste le ferait lors d’un concert. Il ne rompt pas l’énergie déployée dans ces premiers titres. En revanche, Bad Poetry vient calmer le jeu avec un air plus lancinant, une ballade où elle emploie le français ponctuellement (« You’re taking course of littérature française » ou encore lors du pont « amour sans toi je ne suis rien […] du soir au matin »).
S’en suit Temporary Mood Swings, punchy à la façon de Walk Like an Egyptian des Bangles, qui invite furieusement à la danse. My Dreams Dictate My Reality, en plus de donner son nom à l’album, marque une rupture avec les titres qui le précèdent. Plus grave, il paraît plus sombre et laisse la part belle à la musique, reproduisant la dualité entre les rêves et la réalité, ici représentés par la musique et la voix. Monster Love s’inscrit dans la même lignée et poursuit la rêverie avec un traitement onirique des voix et de la guitare. Peter Pan Syndrome se développe crescendo et à la fois, tout en retenue. Son message pourtant explicite («I refuse to grow up, I refuse to get old , I have Peter Pan syndrome, I have Peter Pan syndrome ») sonne comme une menace adressée à l’ordre établi. Les cris poussés sur les claps de la batterie résonnent comme des détonations d’armes à feu et soulignent le danger, s’imposant comme le climax du disque. La tension est à son apogée.
Marqué par les années quatre-vingt aussi, Lovetrap (en duo avec Ariel Pink) pourrait, dans son intro, faire écho à La légende de Jimmy - les cordes en moins, si elle ne réservait pas des surprises dans sa structure. Variable et inattendue, la chanson recèle bien des surprises à mesure de son évolution. Ce duo trouve sa force dans l’affrontement des voix dans la partie parlée et leur complémentarité dans celle chantée. Visions annonce la fin du disque comme au sortir d’un rêve, par l’emploi de la réverbération venue d’un autre espace temps, et rend le réveil plus doux.
Onze titres pour annoncer qu’il faut oublier la folk qui caractérisait Soko ? Non, rassurez-vous. Keaton’s Song renoue avec la couleur de son premier album, celle de la mélancolie, celle que l’on rencontrait au détour de We Might Be Dead by Tomorrow. La même fragilité, ce duo guitare-voix enveloppé sur la fin par de légères cordes et une batterie assourdie, voire lointaine. En évoluant dans un univers aussi codé que celui dépeint par ce nouvel album, Soko présente des sonorités que l’on n’aurait pu suspecter de sa part après son premier album.
Pourtant, c’est bien la même. À voir si vous en avez l’occasion lors de sa tournée du mois de Mars - d’Oslo à San Diego -, puisqu’elle passera par trois de nos villes : dimanche 15 Mars (au club Transbo de Lyon), mardi 17 Mars (à l’Aeronef de Lille) ou encore mercredi 18 mars (La Maroquinerie de Paris).
Un immense merci à Because Music.
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SoKo, My Dreams Dictate My Reality (Because Music), sortie le 2 mars 2015.
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