Inspiré de la propre expérience de son réalisateur, Cidatel est avant tout un film sur l’agoraphobie, cette peur incontrôlable d’affronter le monde extérieur. L’idée du scénario, c’est d’imaginer que les autres, ceux de l’extérieur, constituent une réelle menace. Partir du principe que si le jeune Tommy, héros du film, est incapable de sortir de chez lui, ce n’est pas simplement dû à l’agression qu’il vient de vivre avec sa femme mais parce qu’il sent que ce qui les a agressés, ce n’était plus humain.
Ça a l’apparence de gamins turbulents ne se séparant jamais de leur capuche, mais ça se déplace sans bruit, ça pousse des cris stridents, ça sort en meute et ça vit dans une tour d’immeuble désaffectée, la fameuse Cidatel du titre.
L’une des grandes qualités du film, on l’évoquait plus haut, c’est donc son atmosphère, terriblement tangible dans ce qu’elle cherche à nous faire ressentir de cette peur du dehors. Le film ne quitte jamais des yeux son interprète principal, Aneurin Barnard ; ainsi l’agression qui ouvre le film se vit avec la même impuissance que lui, bloqué derrière la vitre de son ascenseur.
Les espaces d’enfermement vont alors se multiplier dans le film, parfois à l’initiative de son récit, lorsque le héros se condamne dans ses toilettes par exemple, parfois par la sobriété de sa mise en scène, choisissant des cadres serrés et des angles étroits dans des espaces imposants.
L’enfermement dans lequel le réalisateur plonge le spectateur le pousse à partager la peur de son personnage, le confrontant le moins possible à ceux qui le menacent, prouvant que l’économie d’effet fonctionne à merveille quant on connaît ses classiques. Après tout, la peur vient de ce que l’on ne connaît pas. Identifiées trop rapidement, les créatures auraient perdu tout leur intérêt.
Sur ce point, les choses sont assez séduisantes aussi. Les méchants du film ont vraiment quelque chose de flippant, un je-ne-sais-quoi qui fait que ça marche. Même si le scénario se propose de nous éclaircir sur leurs intentions et origines, on constate tout de même que tout cela reste vague et laissé à la supposition du public. Dans le coup, on aurait préféré que le mystère reste entier et qu’aucune explication ne soit avancée. Le film aurait gagné à être un bon film fantastique, au lieu de ça, le récit s’égare dans un registre « horreur-zombiesque » pas nécessaire en soi mais pas foncièrement déplaisant.
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Citadel
De : Ciaran Foy
Avec : Aneurin Barnard, James Cosmo, Wunmi Mosaku
Durée : 1h24
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