Martin est web designer / geek très phobique, mais il se soigne. Petit à petit il parvient à rompre avec son isolement, son studio et sa réalité virtuelle.
Mariana sort d’une relation longue. Elle est perdue et confuse, à l’image du désordre qui règne dans son appartement. Martin et Mariana vivent dans la même rue, dans des immeubles qui se font face, mais ne se sont jamais rencontrés.
« Murs mitoyens ». Telle serait la traduction française de ce Medianeras, première réalisation de l’Argentin Gustavo Taretto, qui avec son parcours de concepteur de publicités ne se destinait pas franchement au cinéma. Toujours est-il qu’avec ce premier travail, on ne peut que le pousser à continuer dans une voie qu’il semble finalement plutôt bien contrôler. D’autant que Medianeras derrière son sujet romantique s’avère être un film intelligent, très loin de tomber dans le pathos du genre. Dès l’affiche, le ton est donné : une sorte de clin d’œil au fameux Où est Charlie de Martin Handford. Comment trouver l’amour quand on ne sait pas où le chercher ?
Dans les longues présentations des deux protagonistes, Taretto n’hésite pas à filmer l’intimité sans froideur, comme lorsqu’il montre la belle Mariana (la talentueuse et très demandée Pilar Lopez de Ayala) dans la vitrine du magasin où elle travaille, au milieu des mannequins auxquels elle ressemble étrangement. Une sorte de terrible désaveu pour celle qui rêvait d’être architecte. Si le ton est volontairement sombre, il attrape le spectateur au vol pour bien lui prouver qu’il n’entrera pas dans le consensus habituel et les chemins tous tracés de la comédie romantique classique.
Medianeras aurait donc pu être une simple comédie sur l’état psychologique de ces deux personnages, en les faisant évoluer et confronter leurs opinions. Mais il offre également une réflexion sur l’évolution de la société moderne dans ces mégalopoles où le nombre d’habitants au kilomètre carré ne cesse d’exploser, tout comme le sentiment paradoxal de solitude. À travers ce conte urbain, Taretto n’oublie pas d’évoquer l’ère du virtuel en faisant d’Internet l’échappatoire, le gagne-pain et l’une des principales causes de l’isolement de Martin. Il ne nous épargnera pas non plus quelques jolis lieux communs tels qu’« Internet rapproche du monde, mais éloigne de la vie ».
Malgré les quelques inévitables longueurs, l’attachement suscité aux personnages, la belle écriture de ce scénario, et sa réalisation presque british, façon Mike Leigh, Medianeras présente beaucoup d’atouts qui devraient plaire aux spectateurs curieux.
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En salle depuis le 1er juin 2011
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