Liars + patten + Vessel | la Machine du Moulin Rouge | 09.10.14

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Liars a sorti Mess - septième album du groupe - en mars dernier, prenant clairement l'orientation d'une piste de danse primitive, brutale et manquant parfois peut-être d'une pointe de discernement. Cette soirée à la Machine, première date d'une tournée européenne s'étendant sur une petite semaine, permettait de jauger l'étendue des nouvelles ambitions du groupe, et rassemblait à l'affiche les excellents Vessel et patten.

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Liars amorce son set d’une surprenante manière par l’ouverture de Drum’s Not Dead, Be Quiet Mt. Heart Attack: une guitare maladive et ferrailleuse qui fait leur marque de fabrique, ce son anesthésié croisant les images d’un rêve recouvert de morphine. Excellente initiative donc, qui ne débouche malheureusement pas sur le terminal second morceau de l’album en question, mais sur l’un des singles du dernier LP des new-yorkais. Plusieurs morceaux de Mess seront joués ce soir, et le contraste par rapport aux autres titres du groupe s’avère certain: plus directs, bruts, primaires, et, n’ayons pas peur des mots, un peu mongols. Cela tranche donc par rapport à l’atmosphère ouatée de la majorité de leur discographie, et caractérise en plein concert de puissantes oppositions entre, disons, le réveil difficile et marécageux de No Barrier Fun et l’ambiance totale kermesse à la saucisse de Mask Maker.

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Le rendu ressemble donc à une rencontre fortuite et passablement douteuse entre une multitude de morceaux aux identités fort différentes. Dommage, car si les albums de Liars possèdent chacun à leur façon une personnalité propre, du cauchemar chloroforme de Drum’s Not Dead aux reflets noirs et scintillants de WIXIW, la dynamique du trio sur scène peine à rassembler toutes les facettes différentes du groupe pour les regrouper en une immense et unique entité cosmique.

Cela dit, passé ces mornes considérations, le concert revêt tout de même des allures de giga-teuf sur les morceaux de Mess, pleinement ordonnancée par Angus Andrew. Cet espèce de grand échalas aux élastiques élancements gesticule tel l’affamé, hurle à plusieurs reprises le mot « saucisson », laisse traîner son bout de voix las et et ramollo dans le micro, caractérise la musique du groupe rien qu’à le voir aléatoirement traîner son souple bassin tout au travers de la scène. On notera, au milieu de la déferlante de nouveautés, quelques morceaux des précédents albums: Proud Evolution, notamment, qui, comme sur album, aspire la planète dans un vortex de spirituelle détermination, Plaster Casts of Everything ou encore l’excellent WIXIW. Très correct concert des américains, donc, malgré l’évidente distinction entre nouveaux et anciens morceaux. Ceux-ci auront tout de même, comme on dit vulgairement, fait le taf, et ce avec précision et méthode.

Avant le spectacle des Liars, la Machine avait ouvert le sous-sol pour accueillir patten et Vessel, deux premières parties spécialement sélectionnées par les américains pour la soirée. Si Vessel débutait devant une compacte masse avec sa techno frontale et bourrée de froide ferraille, c’est patten qui raflera la mise. L’anglais, accompagné d’une acolyte déclamant mécaniquement ses textes, appliquera ses rêveuses vagues de sons à la manière d’une immense nappe de coton, blanche, soyeuse et éthérée, étirant le temps comme pour former une boucle infinie à travers les visuels projetés derrière lui. A peine dix personnes devant le duo malheureusement, la plupart des gens étant montés à l’étage pour bien se placer en vue du trio américain. Ils auront probablement raté le meilleur concert de la soirée.

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Liars: http://liarsliarsliars.com/
patten: http://www.patttten.com/
Vessel: http://tri-anglerecords.com/?page_id=22&artist=22

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