Jeff Martin | l’Archipel | 02.10.15

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Jeff Martin. L’homme ressort de l’ombre. Le coquin se faisait bien rare depuis son dernier album en groupe, You Were a Dick, de 2011. Il revient pourtant gratifier l’ensemble de la collectivité parisienne de ces gracieuses légèretés, qui, mises bout à bout, seraient certainement à même d’émouvoir la plus dure des âmes.

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Cela est bon. Car Jeff Martin – et je n’hésiterai pas ici à employer un terme bien austère – est un juste mélodiste. Un véritable professionnel.

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Est-ce bien sérieux ? Couvrir de douceur et d’abandon une paire de notes qui, accordées proprement les unes aux autres, provoquent cette précise sensation de sérénité ? Cet océan de quiétude ? Cette façon profonde et rassurante d’intense soulagement ? Cette manière gauche et nigaude de recevoir pour la première fois le regard de la personne profondément adorée ? Jeff Martin est tout de même un des rares joueurs sur le marché à présentement afficher le taux de conversion le plus efficace en ce qui concerne l’étroit rapport liant les larmes à l’extase. D’autant plus qu’il a la science de mettre toutes les chances de son côté : il est poli, sourit à l’audience, est judicieusement coiffé, tout de même particulièrement séduisant. Il possède tout pour être aimé. Clairement.

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Même ses vidéos sont appréciables, ces petites suites d’images dérisoires qu’il projette à l’écran, derrière lui : on pourrait facilement le détester pour ça. On pourrait aisément trouver cela d’une niaiserie sans nom. C’est d’ailleurs tout à fait le cas. Il se met en scène dans ses propres vidéos. Fait le « kéké ». Porte une multitude de casquettes et s’inscrit dans des situations bien délicates. Et pourtant, j’aime ça. Parce que ces courtes séquences ont tout ce qu’il faut d’appréciable pour porter les morceaux de Martin, pour refléter leur majesté, les déployer à travers ces vertes prairies de simplicité : la connexion forte au cycle naturellement paisible des choses. C’est grand. C’est beau. Je ne manque pas de signifier mon contentement. D’autant plus que l’Archipel – ancienne chapelle, reconvertie en bibliothèque, difficile de trouver mieux pour ce genre de concerts - résonne dignement des mélopées douces de l’américain. Cela est véritablement kiffant. Il dérivera doucement à travers sa longue discographie, entre piano et guitare, proprement mélancolique, s’inscrivant parfaitement dans cette case riche mêlant posément la tristesse à la joie.

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Il y avait Rach Tree en première partie. L’homme est charmant, drôle et puissant, s’affiche ambitieusement en décidant de reprendre l’un des plus beaux morceaux de Low – Murderer – qu’il maraboute à son aise. Cette voix chevrotante, troublante au début, finit par séduire d’autant plus qu’il ne rechigne point à sans cesse servir une paire de hautes mélodies d’avenir. Excitant.

Crédit photos: lguillaume17

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1 commentaire

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  1. 1
    le Mardi 20 octobre 2015
    Henri Gret a écrit :

    misent > mises
    accordés > accordées

    Assez drôle ton billet cher Ambroise. Tu oublies juste un peu (à mon goût) de parler vraiment de musique, et de cette musique, celle de Idaho. Du coup, je reste un peu interdit par le résultat en me disant qu’un type qui a consacré la moitié de son existence à faire sa musique et à la partager, mérite un tout petit plus qu’un billet sur la largeur de son sourire ou sur le professionnalisme de ses vidéos, d’autant qu’il se produit en solo, et qu’il nous les diffuse pour nous dispenser, justement, du long et fastidieux accordage qu’il doit faire pour passer d’un morceau à l’autre… Tu me diras ya qu’à, et tu auras bien raison, mais quand même, tu t’es pas troué le short. Salut à toi, camarade (les photos sont bien).

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