James Chance & The Contortions + Chromb! | le Petit Bain | 08.11.14
James Chance se contorsionne comme un lézard secoué par mille attaques covulsives. Il concentre seul la tension sèchement taillée par les trois musiciens qui l’accompagnent: un son aride et rachitique, maigre et minimaliste, sermonné de spasmes irrépressibles et continus, affectant la folie, de celle qui guide instinctivement une somme gagnante de mouvements de mort, de celle qui s’érige en maîtresse du corps, par des impulsions mécaniques, automatiques et athlétiques.
Son backing band tient en respect le bonhomme, mesure avec une exacte précision la sensation de la cisaille, du rythme qui tranche, qui écartèle les sens, qui s’égare, s’échappe et qui tout entier resurgit sur James Chance, qui danse comme un damné, rayonne de toute cette ardeur qu’il canalise et transforme en une masse d’énergie très brusquement délivrée, par à-coups, cassant, revêche, rude et piquant. Il jalonne avec une franche honnêteté la fine limite séparant la bonne classe de l’embarras le plus certain, et même si l’on regrette parfois que ses musiciens ne soient pas plus incisifs, ne se laissent jamais déborder et cadrent toujours leur partie à la perfection, Chance en ressort d’autant plus déraisonnable, voûté et suant, mais surtout, twistant à l’aise et emballant un public certes peu nombreux mais véritablement à fond dedans – mention spéciale au garnement possédé par le démon au premier rang.
Sur la setlist se trouvait une paire de ballades, quelques reprises de James Brown (Superbad et King Heroin), Gil-Scott Heron (Home is Where the Hatred Is) et une revue partielle de l’intégralité de son catalogue, avec des titres stars, notamment un Contort Yourself de grande classe vers la fin du set.
Il y avait Chromb! en première partie, les lyonnais venant tout juste de sortir un nouvel album. Soit une performance proche de ce à quoi on pouvait s’attendre : une musique qui ressemble à un immense chewing-gum multicolore et qui projette par mille orifices débridés une très nette sélection de traits de lumière rayonnants et alambiqués. Chromb évite nécessairement l’océan d’embarras dans lequel ce genre de style fourre-tout peut décidément plonger, et n’en retire que la bienfaitrice effervescence pour une dose d’humour qui ne sombre jamais dans la poilade mal assurée, mais conquiert par subtiles touches. Excellente prestation des lyonnais, captez-les si vous le pouvez.
Crédit photos: Benoît Van Maele
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Chromb!: http://www.33neons.net/# !chromb/c1tnv
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