Ecouter Mekanik, c’est entrer dans un univers postapocalyptique desservi par une musique entre dub et électro-industrielle sombre et froide mais pas moins séduisante. Des sons aigus qui glissent comme des aiguilles, des rythmes impitoyables comme des machines, et ici et là des grésillements et de la rouille composent un univers où résonne des voix désabusées qui ont perdu depuis longtemps leur foi, menées par une musique hallucinée. L’ensemble, si il se fait froid, n’est pas pour autant exsangue d’images, d’évocations, bien au contraire: Mekanik se revèle un album très inspirant en ce qu’il arrive à composer des atmosphères fortement subjectives.
Mekanik, c’est d’abord un projet collectif, réunissant autour de Thomas Pringent poètes et interprètes dont Black Siffichi, Horror 404, Arno Mothra, Cheval Blanc et Malika . Faisant s’affronter musique industrielle et poésie, mécanique et flux de conscience. Cette association se vit tout à la fois dans la symbiose et le conflit: une machine infernale et au centre l’âme humaine. On peut parfois penser dans cette symbiose au groupe Ez3kiel, notamment pour Clinik qui mêle à la fois sons cristallins et mécaniques, présente une mélodie mélancolique qui retourne toujours à un son froid, asceptisé. Le texte d’ Horror 404 résonne ici comme une conscience condamnée dans son corps, attachée aux sons qui lui parviennent mais incapable de tout mouvement. Musicalement on trouve un aspect hypnotique, pour le titre le moins incisif de l’album, comme un étirement infini du temps.
Le chant de Cheval Blanc dans Mecanik est celui d’un androïde, il a une régularité robotique, dans le rythme du texte et le traitement de la voix mais ses paroles sont celles d’une conscience qui s’étire et s’interroge: « Presqu’arbre, je ne peux faire un pas sans que mille sens s’offrent à moi, immobile même le non-sens porte sens et mouvement, où que j’aille je suis en moi, et moi l’inculte j’ai peur. »
Symbiose de l’âme et de la machine mais aussi de l’organique et de la mécanique, par l’aspect clinique et tranchant de la musique. Le son de certains morceaux, tel Panik, saturé de grésillements et relayé par un beat puissant, devient graphique voire physique. Mekanik est avant tout un album, comme beaucoup de sons dub / trip-hop / electro, dont l’écoute sollicite les sensations, étourdit et hypnotise. Il est à l’image des mots d’ Elastik sur son myspace: « Des mélodies qui enflent et hypnotisent les sens, et dont le goutte à goutte, subtil, délicat, invisible, s’écoule dans nos veines… » Une perfusion musicale qui touche l’âme par le corps.
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Site officiel : http://www.elastik.fr/
MySpace : http://www.myspace.com/elastiksounds
H4o4 a écrit :
3 Coquilles :
Mécanik, et non Mékanik.
Thomas Prigent, et non Pringent.
Horror 4o4, et non 404.
Un détail, sans doute mais qui a son importance..
A part ça, chouette chronique, qui ne dégouline pas trop ; merci.
Eymeric a écrit :
Merci pour les rectifications et désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris
kats a écrit :
mécanik à très bientôt en live et en tectoniques des plaques..
pour une fois une bonne chronique qui ne déborde pas trop merci de votre discordance..
photographikement
kats