Néanmoins, pour les assidus du jour, assister à un concert de Wovenhand peut s’apparenter à une expérience mystique. Le groupe arrive sur scène. Pas un mot. L’éclairage semble être présent pour mettre en valeur les ombres mais l’important est ailleurs. La lumière viendra de la musique de Wovenhand, une musique imprégnée de spiritualité.
La formation composée de deux guitares, une basse et une batterie attaque avec un morceau extrait du dernier album en date sorti en 2014, Good Shepherd, histoire de mener le troupeau de ses fans au travers les nappes de fumée qui inondent ce soir la scène du Trabendo. David Eugène Edwards, le leader charismatique, scande les paroles des morceaux dans son micro vintage spécialement équipé en effets éraillants et réverbérisants. Il semble chanter pour nous des plateaux et des montagnes du Colorado. Le public écoute attentivement le shaman, chapeau à plume solidement arrimé sur la tête, bandana qui dépasse un peu, les yeux fermés, concentré et surtout habité par la puissance de sa musique. Wovenhand enchaîne avec le non moins électrique et massif, Hiss, toujours sur le même dernier album. Il sera joué dans son intégralité ce soir.
Arrive ensuite le très beau Closer de l’avant dernier album, celui au maïs doré, emblème du Colorado d’où est originaire David Eugène Edwards. Le concert est à peine commencé et les amplis ont déjà eu le temps de bien chauffer, mais pas de pop corn ce soir. On ira plutôt tremper sa tranche de cactus dans un verre de whisky. Car le son est abrasif, lourd, brut. Un technicien confie avant concert que même leurs retours sont forts. Le bassiste se fait entendre. Il passera une bonne partie du concert collé devant son ampli, à distordre le son plus vite que son ombre, dos au public. La zone rouge est déjà loin. La charge de bison reprend avec King O King, excellent et dynamique morceau de Laughing Stalk. Les titres des deux derniers albums défilent. David Eugène Edwards nous remercie en français dans le texte. Il sort son banjola, croisement hybride entre un banjo et une mandoline mais l’ampli électrique est bien relié. Pas d’inquiétude. On aura du son. David Eugène Edwards mime des gestes dont lui seul a le secret. Il semble repousser l’air de sa main. Quel sens donner à ces gestes ? Mystère. Les morceaux se succèdent comme les miles qu’on franchirait à dos de pur sang rythmé par le son des lourds sabots sur les sols rocailleux du Colorado, un son régulier, profond, tellurique : Elbow, Corsicana Clip, King David, The Refractory, Obdurate Obscura, Long Horn, Field of Hedon et Salome.
Pendant la courte pause avant le rappel et comme souvent aux concerts de Wovenhand, des chants amérindiens sont diffusés. Le groupe revient pour jouer deux titres de l’avant dernier album : Glistening Black et As Wool. Le public en redemande et David Eugène Edwards revient tout seul pour un second rappel non prévu, comme le confirmera plus tard la lecture de la set list. Il nous joue au banjola un vieux morceau, le seul du concert, Whistling Girl. La salle écoute religieusement. Elle a bien raison. Ce morceau intense finit en beauté la soirée. David Eugène Edwards remercie son public en mimant de multiples poignées de mains comme autant de mantras répétées pour son public. Personnellement et vu la richesse de la discographie de Wovenhand, j’aurai aimé un peu plus de diversité dans le choix des titres joués pour casser la linéarité d’un concert qui m’a semblé se dévider sur les chapeaux de roue. On a quand même eu le droit à 1h30 de concert environ ce qui est plutôt généreux. C’est passé à toute vitesse. Wovenhand enchaîne les morceaux à bride abattue, fait gronder le tonnerre et confirme la direction très électrique prise depuis quelques temps aussi bien sur album qu’en concert.
Crédit photo & texte: Nicolas Bauclin
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Wovenhand: http://www.wovenhand.com/
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