Car Warpaint produit une musique enivrante, de celle qui dispose d’une odeur définitivement caractéristique, une senteur d’ombre et de nuit, rouge et mordante, vivement assoupie. On peine à saisir cette atmosphère impalpable et vaporeuse, là où les paresseuses harmonies se louvoyent dans le brouillard sans espoir de réveil : languissamment établi dans une aire endormie, Warpaint déroule sans déplaisir de longues et doucereuses tirades mélancoliques d’où le mystère glisse et s’appose sur les visages que composent la foule. La musique du quatuor possède cet aspect très poli, se contorsionne sereinement comme le serpent qui coulisse à travers les feuillages qu’il effleure et caresse silencieusement. J’apprécie pleinement cette discrétion, ce fait de toujours composer derrière le voile du mystère, comme lorsque l’on ouvre grand les yeux au fin fond de l’eau et que les formes et les contours apparaissent flous, inapprochables et incertains. La nuit, l’étang se prolonge longuement dans l’obscurité et laisse respirer tout la faune présente, occasionnant l’harmonieuse collision d’une multitude de sons diffus au sein desquels le serpent poursuit allégrement son chemin.
Les quatre de Warpaint font sonner leurs lignes de voix avec une fine justesse, c’est même là qu’on prend conscience de l’importance de l’agencement de leurs voix, diaphanes et élancées, virevoltantes et mouvementées, et que celles-ci s’enroulent littéralement autour de nos petits corps fragiles, immergés dans cette aura étherée. Le groupe aura tôt fait de balancer une setlist pratiquement équilibrée, représentant autant les deux albums que le premier EP et s’autorisant même à délivrer un nouveau morceau déjà posté sur les réseaux : No Way Out, cette fois-ci en version longue. Magnifique concert des angelines, qui ouvre par la même les portes de la perception de leur musique.
Crédit photo: Cédric Oberlin
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Warpaint: http://warpaintwarpaint.com/
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