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L’usure des Jours - Lorette Nobécourt

par VIOLHAINE | mise en ligne le Jeudi 2 avril 2009

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Lorette Nobécourt a 40 ans. Mais elle pourrait tout aussi bien en avoir 20. Ou 70. Mais elle ne pourrait être autre que femme. Ses mots, ses émotions, sont au coeur de la féminité. Les divers thèmes qui parcourent L’usure des jours (l’amour, la maternité, les voyages) ne pourraient être décrits avec autant de puissance mêlée de délicatesse, par un homme.

Et pourtant, elle aborde ce qui est apte à toucher tout le monde, quel que soit son sexe : la mort, la solitude, l’amour, la famille, les rêves.
Mais Lorette Nobécourt ne semble pas avoir une vie ordinaire. De la même façon que viser l’universel rend souvent un propos vide de sens, être très personnel et spécifique permet à chacun de se retrouver, de s’identifier aux maux.

À ces impressions, dont on ne détient parfois pas le secret, qu’il faut deviner, interpréter, sans jamais être sûr de leur finalité. Les contextes sont là, les lieux, les personnages. Mais devant la multiplication des images, le lecteur est un déchiffreur de sens, de symboles.

Un sentiment religieux, un figuratif poétique à outrance, des expériences mystiques marquent le temps qui passe et s’écoule, lentement, au gré des souvenirs que l’on choisit de fixer à tout jamais ou de ceux qui s’imposent d’eux-mêmes, bouleversants. Mémoire spirituelle, mémoire du corps, mémoire des sens. Des choses à noter très vite pour ne pas les oublier, carnet de chevet aux instants griffonnés.

Et pourtant le livre est parcouru d’une unité à toute épreuve, suivant les étapes d’une vie, et ce, malgré les flashes-back, ellipses et bonds dans le futur.

C’est l’usure des jours qui est le moteur de ce livre. Qui pousse à écrire, disséquer ; à tirer des conclusions de ce que l’on a vécu. Que cela soit une near death experience ( » La vie est l’écriture du livre de la mort . »,  » La mort est une virgule de l’éternelle phrase qui vit en nous-mêmes . »). Ou que cela soit un mariage non charnel avec la nature, en Inde : « Seule, je me suis allongée dans ce lit nuptial où ma soif a épousé son désert pour s’abreuver à lui. ».

L’Usure des jours se présente sous la forme d’un journal intime aux 44 chapitres, d’une longueur variant de 3 lignes à quelques pages. A chaque nouvelle partie sont attitrés, méthodiquement, un mot, et un numéro.

Ces titres, à eux seuls, pourraient résumer le bouquin. Comme les différentes parties d’une dissertation, dont la conclusion, après la thèse, l’antithèse et la synthèse, serait. « Vivre » !

Belle démonstration.

En savoir +

L’usure des jours, Lorette Nobécourt, Editions Grasset, 2009, 132 pages

VIOLHAINE
Dopée depuis l'adolescence aux critiques cinéma tant de Télérama que de Mad Movies, intoxiquée au cinéma d'horreur et d'auteur. Obsessionnelle musicale compulsive, avec tendances hétéroclites (de l'indus au shoegaze, il n'y a qu'un pas, n'est-ce pas ?). Apprécie les shoots de sueur dans les parages de pogos. Besoin viscéral de toujours traîner un bouquin partout avec elle. Camée à la Lomographie et aux Polaroïds. Fonctionne au coup de cœur - ce sont les tripes qui parlent, toujours. La culture ? Une dépendance. Twitter || Tumblr || Numéroïd

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