La soirée commence dans la salle du Club, parfaite pour une première partie. Les canopiens y accueillent ceux qui vont les découvrir ce soir pour la première fois – on les envie – en faisant entrer un bol tibétain en résonance, tandis que les vocalises de Joachim Müllner montent doucement dans les airs et nous envolent sans attendre.
Comme on les suit depuis quelques temps déjà, la progression du son frappe dès les premiers instants, preuve que le groupe, depuis sa signature avec Azimuth Prod et la sortie de son tout nouvel EP The Light Through, joue désormais dans la cour des grands. Les titres, déjà très réussis dans leur version studio (mention spéciale pour les sonorités orientales qui pimentent Crystal Ball), prennent une dimension supplémentaire sur scène.
Au risque de décourager à force de dithyrambisme, il faut pourtant insister sur l’urgence de voir cette formation en live, où elle prend tout son sens. Les amateurs de Half Moon Run en conviendront, il y a des concerts qui embarquent complètement par leur intensité. Ceux des ITC en sont, qui vous prennent immédiatement pour, par une sorte de sorcellerie à laquelle l’aura de leur chamanique leader n’est certainement pas étrangère, vous embarquer vers des cieux où l’on oublie tout le reste (eux diront « la cime des arbres » : ils sont modestes) pour ne plus vous lâcher qu’au dernier coup de baguette - forcément magique.
Le chant, notamment sur les passages en voix de tête, procure des émotions puissantes et addictives tandis que les riffs de guitares sont jouissifs et que la batterie explose, menant crescendo un public captivé vers le libérateur The Light Through, moment de nirvana suprême où la danse viendra compléter avec bonheur un tableau déjà idéal. Après cela, seule le très joli In The Attic permettra de redescendre sur terre en douceur. Le public, resté jusqu’au bout, est conquis.
A peine le temps de reprendre son souffle et il faut se rendre la grande salle, où 3 poupées gonflables (dont l’une d’elle arbore fièrement une érection monumentale) donnent le ton d’emblée.
Il faut dire que les prestations de Baxter Dury reflètent tout autant le lourd héritage d’un père à la notoriété envahissante (Ian Dury est l’auteur du tubesque Sex and Drogs and Rock n Roll) que la vie contemporaine de son dandy de fils : l’ironie s’affiche en tête de gondole, le second degré est de mise, le punk se retrouve aussi bien dans l’attitude que dans les rythmes à deux temps - même si, au vu la lenteur du tempo et de la facilité des accompagnements synthé, on serait vite tenté de le qualifier de « punk de branleur pour vieux ».
Depuis Happy Soup, qui truste quasiment toute la première partie du set (dans le même ordre que sur disque), on est bien loin des deux premiers albums qui, pourtant musicalement plus riches, n’avaient jamais vraiment rencontré leur public. Difficile ensuite de reprocher à leur auteur de vouloir surfer sur la vague du succès avec It’s A Pleasure, tout aussi minimaliste que son prédécesseur.
La scène est à l’avenant de ce style désormais complètement assumé, qui fait la part belle à Baxter-Dury-le-personnage, à ses pauses affectées so british, et à la désinvolture de son parlé nonchalant (pour le chant, s’adresser plutôt à la française Fabienne Delabarre, du groupe We Were Evergreen, qui l’accompagne aux claviers). Les musiciens, visiblement d’un excellent niveau, se gâchent sur des morceaux franchement binaires. Ces derniers, fort intelligemment, ont néanmoins l’avantage de mettre en valeur les histoires – au demeurant sympathiques – de notre crooner qui semble avoir érigé en facteur clé de succès le côté loser de ses anecdotes ou les piques adressées - l’air de rien, sous forme de portraits – à des gens qui se reconnaîtront (ou pas).
Et puis, ça picole pas mal entre les morceaux pour venir trinquer en bord de scène (du rouge, puisqu’on est en France), ça harangue un Paul B. tout acquis à sa cause, ça lance des rires forcés en espérant qu’ils seront repris dans la salle, ça parle avec un accent cockney à couper au couteau (« I’m not Charlie Chaplin – pause - I’m brilliant »), ça excelle en amuseur. Dans la fosse, un couple un peu éméché a dansé un peu trop près d’un autre, assis sur l’escalier, tandis que la guitare fait entendre le riff le plus intéressant de la soirée (le seul, en fait).
Le problème, avec Baxter Dury, c’est qu’on finit par se lasser de la répétition. Un Claire, ça va. Un Palm Trees, isolé, c’est même carrément bien. Mais à force de trop de redondance du style, on s’impatiente, tandis que naît l’irrépressible soupçon d’un léger « foutage de gueule ». A part Picnic on the edge et Whispered, plus enlevés, c’est l’ennui qui a trop souvent cédé la place à l’amusement.
Pourtant on aimerait tant l’aimer plus, cet anglais bon-chic-bon-pote qui n’hésite pas à continuer de trinquer avec ses fans au merch après le concert et qui apprendra ensuite en coulisses aux In The Canopy à faire le fameux « cockney-smile ».
Allez : s’il est un homme de cycle, on se dit qu’on tentera encore sa chance sur la prochaine série de deux albums.
Crédit photos : Pascal Boujon
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En savoir +
In The Canopy en concert :
Mar. 07 à L’Odéon / Tremblay Lès Gonesse (w/ Elephanz)
Mar. 13 au Cabaret Vauban / Brest
Juin 12 au Divan du monde / Paris
Juin 18 à la MJC Bobby Lapointe / Villebon
…
Baxter Dury en tournée et notamment :
Mar. 03 à La Cartonnerie / Reims
Mar. 04 à La Laiterie / Strasbourg
Mar. 07 à La Coopérative de Mai / Clermont Ferrand
Mar 13 à Le Tetris / Le Havre
A propos de l'auteur

Célestance a écrit :
Mouais… peut-être un tantinet trop pour ICP et un tantinet pas assez pour BD ! Enfin les goûts, les couleurs…