J’ai écouté à plusieurs reprises la mixtape et je me suis rendu compte que tu n’as pas choisi l’ordre des morceaux au hasard, mais qu’il y avait un véritable fil conducteur au niveau de la chronologie. Le premier morceau de la mixtape, c’est celui de François Virot, avec Say Fiesta, c’est un morceau qui apparaît sur le tout premier vinyle que vous avez sorti avec Atelier Ciseaux, qui s’appelle Yes or No. Comment vous vous sentiez à cette époque-là, et qu’est-ce que vous pensiez faire avec le label ?
On a jamais tiré de plans sur la comète en fait… Aujourd’hui encore nous n’avons toujours pas de planning, rien de prévu à très long terme. Je souhaite vraiment garder ce côté très spontané et pouvoir décider de sortir un disque au dernier moment avec un délai de 4 semaines si c’est possible… Paradoxalement, François Virot, c’est le projet qui a lancé le label et c’est aussi celui qui a pris le plus de temps à être réalisé, presque deux ans.
Et comment s’est fait la sortie de ce disque ?
Le label n’était pas vraiment prévu avant la sortie de ce disque. J’ai toujours voulu monter un label depuis mes 15 ans mais il n’y avait pas eu d’élément déclencheur jusque-là… J’ai rencontré, en 2007, François Virot à Lyon par l’intermédiaire d’une amie. Je l’ai vu jouer et je me suis dit: « Ça, il faut absolument que je le sorte ». C’est ce qui a fait que le label a commencé…
C’est cet esprit qui est toujours resté, avec des coups de tête style « ce disque il faut absolument que je le sorte » etc…
Ce n’est pas toujours possible car avec certains groupes ça prend pas mal de temps, parce qu’ils ont des emplois du temps compliqués… Mais ouais, je trouve ça vraiment cool de pouvoir se dire: « Bah je l’ai écouté dans la nuit, j’ai trouvé ça mortel, je les contacte pour voir ce qui est possible de faire ».
Cette démarche peut paraître effectivement naturelle pour François Virot qui est un artiste avec qui tu as noué une relation amicale mais comment ça se passe lorsque tu n’as aucun lien relationnel avec le groupe ou l’artiste que tu veux sortir ? Je pense notamment aux nombreux groupes étrangers que vous avez sortis sur Atelier Ciseaux.
Je pense qu’on a peut-être eu un peu de chance à ce niveau-là mais globalement les sorties juste après le disque de François Virot nous ont pas mal aidé au niveau de la visibilité. Notre troisième référence c’est le split Jeans Wilder/Best Coast. Best Coast a pas mal marché par la suite et forcément ça t’ouvre quelques portes au niveau international.
A l’époque elle n’était pas très connue non ?
Elle commençait tout juste à faire parler d’elle avec ce nouveau projet. Avant, elle jouait dans un autre groupe, Pocahaunted, qui était sur Not Not Fun, qui était beaucoup plus expérimental. Le disque qu’on a sorti avec elle, c’était quelque part un coup de chance…
Comment ça s’est passé exactement ?
J’étais en contact avec Jeans Wilder, j’avais écouté ce morceau Tough Guy - qui est sur le split - et j’avais vraiment adoré. Je lui ai demandé si ça l’intéresserait de faire un split et je lui ai proposé une liste d’artistes avec qui ça pourrait être vraiment chouette de le faire. Le numéro un, c’était Best Coast. Et puis il me dit que ce serait cool, qu’il serait motivé et puis finalement plus de nouvelles pendant dix jours. Tu commences à sentir le plan foireux et puis finalement il m’écrit deux jours plus tard en me disant : « Je reviens de Los Angeles, j’ai vu Best Coast, elle est ok », puis le soir même, il m’envoyait les morceaux. Ça a pris environ 15 jours entre le moment où je lui ai proposé et le moment où on s’est dit qu’on le faisait vraiment.
Le titre suivant est un morceau de Young Prisms, issu du split avec Mathemagic et plus généralement de la série de splits que vous avez proposé avec Atelier Ciseaux. La première référence était un LP mais vous avez multiplié les formats courts pour cette série, est-ce que c’est quelque chose que vous allez être amené à reproduire dans le futur ?
Le 45 tours c’est définitivement mon format préféré même s’il est difficile à vendre ces derniers temps. Je sais pas, ça vient sans doute de mon background musical, j’ai découvert pas mal de groupes grâce à des splits, que ce soit dans le punk ou le hardcore et j’avais vraiment envie de faire ça avec le label : proposer deux artistes sur un format que j’aime et en plus à un prix pas trop élevé. Je trouve ça chouette d’avoir des échanges entre des musiciens qui se connaissent ou pas forcément.
Tu parles de tes influences : ça me fait penser à Amanda Woodward, que t’as sélectionné dans la playlist « Influences » que tu m’as envoyé. J’ai été un peu surpris de voir ce groupe-là parce que le screamo français n’est pas forcément un style qui est représenté par Atelier Ciseaux.
C’est vrai ! C’est plus au niveau de l’attitude, un label comme Dischord par exemple - qui ne sort pas le même genre de musique qu’Atelier Ciseaux - m’a influencé par sa démarche…
C’est ce que tu as voulu représenter avec Minor Threat également je suppose, alors pour le label et la musique ce sera plus Pavement et Dinosaur Jr…
Oui, en effet ! Pavement c’est un groupe que j’ai découvert par hasard, ma mère était abonnée à France Loisirs et elle devait commander chaque mois un disque. De temps à autres, elle ne savait pas quoi prendre donc elle me demandait de choisir un truc, ils avaient une pure sélection pour l’époque et du coup j’ai choisi un disque de Pavement - parce que j’aimais la pochette et le nom du groupe. J’ai découvert un super groupe qui m’a permis de découvrir cette scène indie rock.
T’as choisi un morceau de Dinosaur Jr que je ne connaissais pas du tout, qui est sur Where U Been, c’est un morceau qui résonne particulièrement pour toi au niveau de la musique et de l’époque
Ca représente bien cette période où j’étais à fond dans le rock indé, c’est un peu l’album que j’écoutais à mort. J’adore les paroles aussi, c’est un peu toujours la même chose avec Dinosaur Jr, t’as l’impression que le gars raconte toujours la même journée de merde « Je t’ai pas vu aujourd’hui, on s’est pas croisé, etc..». Étrangement, j’y trouve du sens et puis ces guitares sont justes énormes.
Avec ces solos bien longs et bien baveux… J’ai pas écouté son dernier album solo au père Mascis d’ailleurs il est cool ?
Ouais, il est bien.
J’ai vu Dinosaur Jr à Lyon et J Mascis posait toujours cette attitude complètement autiste en fait. Il était là, il tirait la gueule devant sa muraille de 28 amplis qui crachaient à donf, le contraste était marrant à voir.
Au début d’ Atelier Ciseaux j’avais un autre petit label qui s’appelait Atthletic Duddes, c’était un truc un peu particulier. J’ai commencé à sortir des groupes sur des vieilles de K7 de Michael Jackson, d’Abba, de compiles du TOP 50 en enregistrant par-dessus la face A et en gardant la face B intacte, ça donnait des split un peu étrange. J’ai sorti une dizaine de groupes, comme Blue Sabbath Black Fidji, él-G, Astral Social Club… On a fait notamment une sortie avec Duane Pitre, qui a été pro-skater chez Alien Workshop dans les années 90 et qui était un gros fan de Dinosaur Jr. Il me raconté qu’une fois il a rencontré J Mascis quand il avait 14 ans, il lui a serré la main, Mascis lui a dit « Salut » et puis il s’est juste barré ahah !
Pour revenir à Pavement, j’ai toujours trouvé ce morceau à part parce qu’il est un peu mélancolique, en tout cas beaucoup plus que le reste de l’album qui est un peu bordélique. Ce morceau tranche avec le reste.
Il a tout ce morceau, les paroles, les mélodies… Vraiment mortel. Ça représente toute une période.
Ce que je retrouve un peu dans le son Atelier Ciseaux par rapport à ce morceau de Pavement, c’est cette espèce de mélancolie toujours un peu singulière avec des sons et des boucles qui sont toujours un peu déplacés, un peu addictifs, un peu nostalgiques.
J’ai pas forcément de recul là-dessus mais c’est sans doute vrai dans la mesure où on m’a déjà fait la même remarque. C’est parfois un peu bizarre mais t’accroche plutôt facilement je pense…
Est-ce que c’est pour ça que tu as l’habitude de sortir des 7’’, parce que ce sont des morceaux qui peuvent être très facilement réécoutables en boucle justement ?
J’ai une espèce de fascination pour les singles. Il y a plein de trucs dans la variété française que j’aime bien écouter, ces tubes que tu peux écouter non-stop jusqu’à l’usure. J’ai un côté assez obsessionnel à ce niveau-là.
On retrouve aussi cette façon de faire sur le morceau de Jeans Wilder qui apparaît dans la playlist, avec une boucle qui exprime très clairement la gueule de bois, la sensation d’être un peu seul et un dimanche après-midi pluvieux. Le morceau suivant est un titre de US Girls, c’est la quatrième référence Atelier Ciseaux, donc avant Best Coast : est-ce que c’était la première fois que tu échangeais par mail avec une artiste étrangère que tu ne connaissais pas personnellement ?
C’est quelque chose que j’avais déjà fait pour notre deuxième sortie, le 45 tours de Lucky Dragons. Ils sont de Los Angeles, je leur avais envoyé un mail dans lequel je leur disais simplement qu’on aimerait sortir un disque avec eux. C’était un peu différent pour US Girls dans la mesure où elle faisait vraiment partie de ces groupes avec lesquels j’avais envie de bosser depuis longtemps. Je lui ai envoyé un mail (et une lettre avec des disques), elle m’a répondu environ un mois après depuis un cyber-café – elle n’avait pas Internet chez elle à l’époque – qu’elle était ok pour faire un disque. Ça a pris un peu de temps, j’ai même fait 11h de route de Montréal jusqu’à Philadelphie pour la voir jouer, c’était un bon moyen de sceller le projet.
Est-ce que cette période à Montréal t’a aidé à découvrir des groupes et rencontrer des gens pour qui tu voulais sortir des disques ?
Pas spécialement… Certains groupes de Montréal que nous avons sortis, je les ai découvert après mon départ. Je n’ai pas énormément développé de relations liées à Atelier Ciseaux là-bas. Et puis de toute façon avec Internet tout est possible.
C’est la question que je me posais également. Ça parait étrange que des groupes américains concrètement situés à l’autre bout de la planète aient entendus parler d’Atelier Ciseaux à l’époque.
L’Europe les intéresse je pense, et puis le fait d’avoir sorti un disque Lucky Dragons et Best Coast, ça nous a, sans doute, permis d’avoir une espèce de « crédibilité », une existence un peu plus étendue…
Ces sorties ont donc déclenché l’intérêt que l’on pouvait porter au label.
Ça a forcement aidé le label à se faire connaître hors de la France…
Justement, j’avais lu quelque part qu’il y avait beaucoup de commandes qui venaient de l’étranger au début et moins de France. Est-ce que c’est toujours le cas ?
Je dirais que c’est du 50/50 aujourd’hui. Avec l’Euro c’est difficile pour les « clients » américains ces derniers temps. Avec les frais de port ça leur coûte vite super cher. En plus, la Poste vient d’augmenter ses tarifs en début d’année. Commander un disque à 11 € depuis les Etats Unis, ça revient à 14 $ plus les frais de ports, ça fait environ 24 $ pour le disque d’un groupe qui habite peut être à 100 km de chez toi…
Pour la petite anecdote, j’ai fouillé dans mes bacs de 7’’ récemment et j’ai remarqué que je possédais le disque de US Girls sur lequel figure le morceau de la playlist. J’ai fouillé sur Discogs pour voir à quel prix se vendait le 45 tours et, comme on pouvait s’y attendre avec des tirages limités, les prix de vos disques affiches des sommes parfois assez hallucinantes. Comment vous gérez ça ? Est-ce que tu essayes d’agir sur les prix d’une quelconque manière ?
Sur certains disques - comme le split Best Coast/Jeans Wilder par exemple qui s’est vendu très très vite, à tel point qu’on a du stopper les pre-order parce qu’on aurait plus eu de disques pour la sortie – nous avons limité les commandes à deux copies parce qu’on sait tous que les gens qui en commandent cinq ou six, c’est louche. On garde toujours un petit stock d’une dizaine de copies et lorsque l’une de nos sorties se retrouve à prix d’or sur Discogs on en met une en vente à prix raisonnable, histoire de casser un peu ces offres délirantes.
Cette montée des prix, ça atteint des sommets un peu absurdes, j’ai l’impression que ça ne va pas tarder à s’effondrer quand la mode du vinyle sera passée
Cette année en plus c’est le retour du CD !
Ahah ça me rappelle un article plutôt chouette sur Pitchfork, le rédacteur se mettait dans la peau d’un jeune dans les années 2020/2030 et disait en substance que le CD pouvait revenir parce que c’est un objet qui finalement lui aussi dispose d’une multitude de particularités qui peuvent être exploitées.
On fait du vinyle et de la K7 parce que ce sont des formats que nous aimons, qu’on a beaucoup écouté mais nous n’avons jamais dit que nous ne ferions pas de CDs par exemple. D’ailleurs cette année on va peut-être même en sortir un !
Vous avez déjà sorti des CDs avant?
Non, jamais! Par contre nous avons sorti le DVD d’un mec qui s’appelle Andy Roche, un type qui vit dans l’Iowa. Le DVD contient trois de ses courts-métrages avec pour bande son la musique de son groupe, Black Vatican, qui n’existe plus mais qui a sorti des trucs sur Night People, Locust (un super label de Chicago qui lui aussi n’ existe plus), etc… On l’avait fait venir en France pour qu’il joue pendant la projection des courts-métrages. Il a fait le Grrrnd Zero à Lyon, les Voûtes à Paris… avec Pocahaunted. C’était la troisième sortie avec un objet que j’avais entièrement fait à la main…
Ces objets que tu manufactures minutieusement, ça me fait penser au morceau de C V L T S sur la playlist, qui s’appelle Microrangers. Dans le sens où c’est un morceau qui est fait avec trois fois rien – une boucle de piano et quelque field recordings – et que ce morceau est apparu sur une K7 que vous avez-vous-mêmes monté à 30 exemplaires. Je me demandais dans quelle mesure tu étais aidé, qui t’épaulait sur chacune des sorties Atelier Ciseaux.
On a commencé à deux, en 2008, avec Marine, une amie – qui a dessiné le logo d’ailleurs – et puis on s’est aperçu que ça ne fonctionnerait pas forcément. Le label pour moi est une priorité dans ma vie, on a rapidement vu que nous n’avions pas le même rythme, les mêmes attentes. J’ai continué un temps tout seul, puis Philippe m’a rejoint en 2009. Il vit à Montréal mais on parle tous les jours du label. Même si je suis sans doute plus dans l’action (promo, distribution, etc.) on prend les décisions ensemble. Récemment, fin 2014, Anais est venue nous prêter main forte pour la promo hexagonale.
Philippe étant à Montréal, il peut découvrir des groupes cool de son côté également non?
Absolument mais comme je te le disais avec Internet, je découvre parfois plus vite que lui, un groupe de là-bas et vice et versa.
Et tu disais que vous alliez sortir un CD ?
Oui, on va sortir un CD avec un groupe avec qui on a déjà travaillé : Police des Mœurs. Ils ont sorti pas mal de choses depuis 3 ans, leurs disques -tous épuisées - se vendent une fortune sur Discogs. Nous allons sortir (en co-release avec le label Montréalais Visage Musique) une discographie (tous leurs EPs et 45 tours) en K7 et CD pour que les gens puissent se procurer ça sans avoir à mettre 50 balles dans un 45 tours.
Donc il y a une véritable motivation derrière le choix du format.
Oui mais on ne milite pas pour un format. Le principal c’est de sortir la musique qu’on aime et de la défendre au mieux, de façon cohérente et en accord avec nos principes. Le format, quelque part, ça n’a pas autant d’importance que ce que certains voudraient nous faire croire. L’important, c’est de pouvoir diffuser cette musique et de défendre l’objet physique. En ce moment, beaucoup de monde sort du vinyle et c’est sans doute en train de tuer ce format, le prix des pressages augmente, tout le monde sort son truc, la moindre personne qui fait deux morceaux sort un vinyle, les majors s’y remettent, donc tout devient super compliqué.
Est-ce que c’est quelque chose que t’as constaté, cette difficulté de plus en plus importante à faire presser du vinyle ?
On est passé par différents presseurs mais au final on a pas mal bossé avec GZ en République Tchèque. Ces derniers temps, les délais de pressage ont vraiment augmentés, les conditions de paiement et les prix ont également pas mal évolués. Nous avons arrêté de travailler avec eux car même en étant des clients réguliers, tu as le sentiment de ne pas être considéré. En 2008, tout le monde était content que les petits labels fassent du vinyle même à 500 copies mais aujourd’hui avec le gros retour du vinyle, ils s’en foutent totalement. Après c’est normal, c’est leur business, pas leur passion dominicale. GZ, c’était une plus petite boite avant, maintenant ils ont -je crois- 1000 employés, ils doivent presque faire tourner le pays. Certains aux Etats-Unis passent même par eux.
Les alternatives existent en France?
Oui pour des pressages de 300 ou 500 copies il y a MPO par exemple. Il y a également des possibilités, à droite à gauche, des tirages super super limités (50/100 copies) mais bon si tu te retrouves à vendre un 45 tours à 9 €, ça devient rapidement délirant comme prix.
Le morceau suivant est un titre de Mount Eerie qui est sorti en 2012 sur un 7’’. Est-ce qu’en général tu te fixes une espèce de limite et tu te dis que tu ne vas par exemple sortir qu’un ou deux disques de ce groupe et pas plus ?
Non, jamais !
Donc tu peux te permettre de te dire que tu vas suivre un groupe sur plusieurs disques.
Comme je te disais, rien n’est vraiment établi. On sort ce qui nous plait et on voit ce qui se passe mais c’est vrai qu’il n’y a pas tant de groupes que ça que nous avons suivi.
Anaïs : Il y en a qui t’ont envoyé des trucs et ça ne t’a pas plus.
Le morceau suivant est un titre de TOPS, issu de leur premier LP. J’ai l’impression que ce groupe a vraiment marché en terme de visibilité, en tout cas plus que les autres, est-ce que c’est le cas ?
Je pense que celui qui a le mieux marché en terme d’exposition, c’est Best Coast. Pas forcément dans le bon sens parce qu’elle fait des choses moins bien maintenant. Elle a enregistré des trucs avec avec Weezer, joué avec Iggy Pop… C’est assez délirant.
C’est marrant cette évolution, je me demande ce qui a provoqué ça alors qu’elle n’était pas du tout la seule à jouer ce type de musique à l’époque.
Elle était peut-être simplement là au bon moment au bon endroit, à l’époque où ce style de musique commençait à émerger à nouveau, puis elle a sorti son premier album sur Mexican Summer qui est un bon label dont on parle pas mal, des choses qui l’ont petit à petit probablement amené là où elle est aujourd’hui.
Le morceau suivant est un titre d’Idiot Glee, Pinkwood, issu de Life Without Jazz, un EP à la pochette que je trouve complètement obsédante. Qui c’est qui l’a réalisé ?
La pochette est de Robert Betty, un artiste qui a notamment fait un logo pour Peaking Lights, des pochettes pour Oneohtrix Point Never, etc. C’est un mec de Lexington tout comme Idiot Glee donc ils se connaissent très bien. Comme Street Gnar également.
On passe à Francis Lung qui a sorti un 7’’ en 2014. J’ai eu du mal à trouver des infos sur ce bonhomme, est-ce qu’il fait toujours des trucs ou pas ?
Il est effectivement en train de préparer la suite là. C’est tout récent en fait, il jouait dans WU LYF avant, il a commencé son projet solo fin 2013 et c’est à partir de ce moment-là qu’on a discuté via Soundcloud. Je lui ai demandé s’il aimerait sortir un 45 tours, il m’a tout de suite dit ok.
Toujours en solo ? Parce que les autres gars de WU LYF ont reformé quelque chose de leur côté aussi je crois ?
Toujours en solo oui. L’ancien chanteur va également faire un truc en solo de son côté aussi et les autres - dont Francis Lung - jouent également dans Los Porcos.
On passe en 2013 avec les titres de Police des Mœurs et Essaie Pas. De la cold wave en français, ce n’est pas un style que l’on avait l’habitude d’entendre chez vous.
Effectivement, même si on a sorti en 2011 un 45 tours avec Terror Bird, de Vancouver, qui est assez dark. Ca reste dans l’esprit mais pour le chant en français, c’est vrai que ç’était une première pour nous.
Les deux groupes ont sorti un split et tu as choisi de piocher dans l’EP de Police des Mœurs pour donner un aperçu du groupe. Pourquoi ne pas avoir choisi deux morceaux du split pour illustrer les deux groupes ?
Je trouve que ce morceau représente bien le groupe et c’est surtout un morceau que j’aime particulièrement.
Plus généralement c’est pareil pour tous les morceaux que t’as choisi ?
Par affinité et puis également car certains morceaux représentent mieux un artiste ou un album. Certains titres ne fonctionnent que si tu les écoutes avec le reste de l’album, d’autres marchent de manière plus autonome…
Je trouve effectivement qu’il y a une espèce de fil conducteur au niveau du son. Il nous reste deux titres, Vesuvio Solo et Calypso. Vesuvio Solo c’est déjà sorti depuis un bout de temps je crois ?
Vesuvio Solo, c’est sorti en octobre et Calypso la semaine dernière. C’est le nouveau projet de Jackson Scott dont le premier album est sorti sur Fat Possum. C’est un petit gars de 21 ans qui a commencé un peu par hasard. Il a balancé ses morceaux sur Internet, Pitchfork en a parlé et Fat Possum l’a signé. Il a formé Calypso avec deux de ses potes.
Et pour le futur d’Atelier Ciseaux ?
En avril, on sortira le premier album en K7 des anglais de Joey Fourr et en mai l’EP du nantais de LENPARROT. En fin d’année, la disco K7 et CD de Police des Mœurs. D’autres choses aussi mais qui sont encore en discussion.
Et ta sortie de rêve pour Atelier Ciseaux ce serait avec qui?
Grouper !
Ca me ramène aux influences du coup où t’as mis pas mal de groupes des années 90, sauf Grouper, qui a sorti Vessel en 2010. Un titre qui m’a beaucoup fait penser à celui de US Girls.
J’aime beaucoup sa musique et son « attitude ». C’est quelqu’un de très peu présent sur les réseaux sociaux, on en parle assez peu mais ses disques s’écoulent hyper vite, elle a l’air super intègre, c’est vraiment quelque chose que je respecte à fond.
J’ai remarqué qu’il y avait pas mal de collaborations avec d’autres labels du même style comme La Station Radar et Hand In The Darks, c’est quelque chose qui se fait naturellement ?
Ca s’est fait assez simplement, on a discuté de certains possibilités..
Tu sens que ce sont des labels qui sont dans la même lignée que le vôtre quoi ?
Plus forcément musicalement parce qu’on s’est un peu détaché d’eux dans le sens où l’on fait moins de musique expérimentale qu’avant, mais au niveau de la démarche ça reste similaire. Je pense aussi à des labels comme Svn Sns Rcrds, AB Records ou Fin de Siècle qui viennent de sortir Milan, un duo avec Sébastien de Holy Strays. On a sorti notre premier 45 tours digital avec lui d’ailleurs. Il est allé dans une base sous-marine à Nantes, a samplé plein de sons et en a tiré deux morceaux. Il voulait faire un petit fanzine qui racontait un peu l’histoire de ces titres avec des images d’archive, des textes pour accompagné le 45 tours. Mais ça s’est révélé trop complexe et coûteux du coup on a décidé de le sortir en digital.
Et pour finir, est-ce que vous comptez réaliser des projets hors musique aussi, type orgas de concerts ou autre ?
Le label nous prend beaucoup de temps donc ça reste un peu compliqué à ce niveau-là. On pense tout de même organiser une release party pour LENPARROT en mai, mais l’activité principale restera toujours de sortir des disques.
Playlist « Influences »:
Pavement - Range Life
Amanda Woodward - Trop de gens qu’on mal à mon crane
Dinosaur JR - Goin’ home
Minor Threat - minor threat look back and laugh
Grouper - Vessel
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Atelier Ciseaux: http://www.atelierciseaux.com/
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