Lazzlo court les petits concerts de province, jusqu’au jour où il voit au premier rang qu’un homme l’a « repéré » : il a commis au piano une seule erreur, et cet homme l’a relevée. Pris d’une colère froide, il l’exécute. Son jeu se métamorphose alors, et Lazzlo Dumas devient le David Zimerman, le Radu Lupu de ce début de siècle. Un virtuose. Ayant très vite compris que ce meurtre avait révélé son géni, il réitère avec froideur et précision cette « gymnastique » qui devient pour l’artiste, vitale.
Lors d’un concert où il interprète les Etudes de Chopin, il voit la belle Lorraine sursauter lors de l’introduction - volontaire - d’une grossière erreur de note. Il décide de l’exécuter, c’est « sa nouvelle victime », mais cette femme arrive dans sa vie sociale et las, il découvre l’Amour. S’imbriquent alors trois récits, qui résonnent comme les trois mouvements d’une sonate, où Lazzlo, Lorraine et Arthur, son fils, penchent leurs émois sur les feuilles de leurs carnets respectifs.
Dans cette Sonate de l’assassin à la facture originale, si Jean-Baptiste Destremau nous ravit, ce n’est guère en raison de la trame qui semble sinon éculée, tout du moins annoncée pour tout lecteur de thriller psychologique quelque peu avisé. Non, Jean-Baptiste Destremau ne signe pas là un polar étonnant ; penchons-nous alors sur ce qui enchante à première lecture. Sa plume est vive, acérée ; son humour noir, désenchanté. Le personnage central, Lazzlo, est cultivé et excentrique jusqu’à sombrer dans la détresse.
Ce glissement de la simple lubie vers la folie meurtrière la plus sombre est imperceptible dans le livre, l’auteur nous y amène tout naturellement par un procédé simple mais efficace : nous nous laissons porter par les confidences de Lazzlo qui, dans son journal intime, livre ses envies, ses ambitions et sa solitude. L’on s’attache alors à ce géni, qui jusqu’au bout tentera de trouver la perfection ultime dans l’achèvement de son « oeuvre ». Mais laquelle ? Sonate intérieure ou destin de serial killer ? Jean-Baptiste Destremau laisse au lecteur le loisir de choisir, et de juger. Un premier opus fin et limé qui donne envie de lire de nouveau la prose de ce jeune auteur.
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Sonate de l’assassin, Jean-Baptiste Destremau, Max Milo Editions, 2009, 348 pages
Blog de Jean-Baptiste Destremau: http://sonatedelassassin.over-blog.com/
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