High on Fire + Church of Misery + Conan | le Glazart | 01.08.2014

par |
High on Fire, le groupe de Matt Pike terrorisant les jeunes mères par la parole de Lucifer depuis six albums, revenait visiter la France en ce premier jour d’août. Pas d’actualité brûlante pour les américains, mis à part la sortie plutôt récente d’une paire d'albums live, mais toujours cette sombre rudesse et cet épique à-propos qui défonce : pourquoi donc se priver d’un de leur passage dans la capitale ? D’autant plus qu’ils étaient accompagnés par deux pièces de choix : les anglais de Conan et les japonais de Church of Misery.

Conan ouvrait le concert. Conan est un organe de destruction. Une inarrêtable colère de rage guerrière, une machine de mort qui avance sans distinction, sans raison, sans pitié. Une immense et négative masse noire : les trois anglais, casquette sur le sommet du crâne et capuche voilant le visage, crachent un éternel bourbier d’une inlassable férocité ; une lamentation continue qui revient régulièrement se fracasser pour se redoubler jusqu’à l’infini, jusqu’à ce qu’on ne sache même plus pourquoi l’haleine de la haine macère en nous.

Conan, plus que l’aspect immédiat et explosif de la colère, joue sur le sourd dégoût, celui-là même qui se travaille au corps, s’exprime par mille frustrations et trace son chemin à travers l’instinct lorsque celui-ci ne répond plus de rien, lorsque la pression est trop forte, que le désespoir prend le dessus. Le trio étire ses titres, enterre la raison sous une surdose de larsens et laisse seul l’esprit se concentrer sur cette agressivité vide de sentiments, sur cette aveugle volonté de violence. Une poignée de morceaux incendiaires, alors que le Glazart se remplit doucement et que les premières suées s’annoncent : le trio de Liverpool aura patiemment écrasé l’assemblée d’une fière et miséreuse collection de riffs de plomb.

L’air conditionné ayant été coupé – une fuite étant apparemment à l’origine du problème – la température ne cessera de grimper tout au long de la soirée pour atteindre sommets de sudation, flaques de transpirations et odeurs d’aisselles dans tous les recoins de la salle. Un total variant entre 40 et 45 C° : pas de malaises à signaler mais une sérieuse difficulté à rester mater l’intégralité d’un concert.

Les japonais de Church of Misery en pâtiront quelque peu : l’hommage constant à Black Sabbath, si il est exécuté de main de maître et avec une classe certaine, dépassera difficilement les vingt minutes d’attention et l’on sortira rapidement de la salle pour ingérer autant d’oxygène que possible avant l’arrivée de Matt Pike et ses potes. A noter l’intervention de Ben Ward, membre d’Orange Goblin, au chant sur le dernier morceau des japonais.

Car ils en mettront, du temps, les américains, avant d’occuper la scène du Glazart. On aura l’occasion d’assister à une ronde incessante de roadies doublée d’une suite de stage managers tous plus motivés les uns que les autres pour que le concert se déroule dans les conditions clairement répertoriées dans le grand livre du Metal. Les signes visuels ne sont, de toute façon, pas trompeurs : le batteur affiche deux grosses caisses, un indice suffisant pour jauger l’état d’esprit du groupe. Le bedonnant Matt Pike monte enfin sur scène, suivi de ses deux assistants.

High on Fire est la définition même de la puissance. Chaque bout de riff ressemble à une lourde et définitive poigne à l’estomac. Le son est ample, étouffant, frontal : il bondit et bouffe littéralement l’intégralité de la salle ; un espace moite, humide qui ne demande qu’à céder aux caprices de l’intenable température : il y fait une chaleur insoutenable. Cette atmosphère donne réellement une impression de champ de bataille, d’incandescente pesanteur, de brûlante mise à mort : une affreuse tornade de riffs tous plus furieux les uns que les autres, allant toujours plus loin dans l’exécution, au fin fond d’une infernale motricité toujours plus forte et écrasante.

On assiste là à une frénétique cavalcade, un intense pilonnage, une fine sélection de coups de botte dans la gueule. Les titres sont longs, sinueux, varient la torture mais punissent invariablement. Une heure pour une dizaine de morceaux qui laissera une salle-piscine dégoulinante d’envie mais véritablement sonné par Satan lui-même, notamment par l’un des derniers titres au tapping définitivement démoniaque.

La suite prévoyait un apéro en bonne et due forme dont l’inter-ambiance musicale était assurée par Ben Ward lui-même. Mention spéciale pour son DJ set, le bonhomme ayant visiblement passé une bonne partie de son temps à jouer avec le bouton de volume et à rendre toute discussion entre les êtres parfaitement impossible.

Crédit photos: Philippe Lafaye - Shoot Me I’m Sick

Partager !

  • Tweet

En savoir +

High on Fire: http://www.highonfire.net/
Church of Misery: http://www.churchofmisery.net/band.html
Conan: http://www.hailconan.com/

A propos de l'auteur

: Pacush Blues aime le pâté en croûte, les jantes alliages, 5ive et le jokari. Observe et apprends.

Aucun commentaire

Abonnez vous au Flus RSS des commentaires

Comments are closed.