Le romancier américain Scott Heim est surtout connu pour son premier roman,
Nous disparaissons met en scène Scott, un trentenaire new yorkais, et Donna, sa mère, atteinte d’une leucémie. Cette dernière, sur le point de mourir bien qu’elle s’en défende aux yeux du monde, convainc son fils de rentrer au Kansas pour l’aider à mener l’enquête sur la disparition d’un jeune garçon, Henry, qui vient d’être retrouvé mort, assassiné.
Scott obtempère, connaissant l’étrange fascination de sa mère quant aux disparitions d’enfants, et ayant pris l’habitude, très jeune, de l’aider dans ses pérégrinations : recherches d’indices, extrapolations en tous genres, reconstitutions plus ou moins probables des faits. Ces enquêtes pour le moins atypiques ont toujours façonné, à leur manière, le lien très fort qui unit Scott et Donna.
De retour au Kansas, ce dernier est bouleversé.
Conscient que sa mère vit ses derniers jours et qu’il s’agit là de l’ultime enquête qu’il l’aidera à élucider, il se retrouve propulsé dans les souvenirs de Donna, qui lui avoue avoir disparu, elle aussi, du temps où elle n’était qu’une petite fille.
Les souvenirs qu’elle partage avec lui sont en tous points différents de ceux qu’elle aura raconté à Dolores, sa voisine et meilleure amie, ce qui achève de plonger Scott dans l’incertitude : quelle est la part de vérité et quelle est la part d’extrapolation ? Ne s’agit-il pas là du seul moyen qu’aura trouvé Donna pour attirer une dernière fois l’attention sur elle et faire revenir son fils à la maison ?
Scott ne peut s’arrêter de penser qu’en s’octroyant une dose vespérale de méthadone et doit composer, non seulement avec son propre mal-être, mais avec les lubies d’une mère à l’agonie.
Plongé dans ce qui ressemble, au départ, à une enquête policière, le lecteur voit ses certitudes s’ébranler au fur et à mesure que l’intrigue avance. Les photos d’enfants disparus que Donna collectionne présentent entre elles d’étranges similitudes, et l’on se rend compte bien vite, qu’au-delà d’une recherche de la vérité, c’est à une quête de soi que l’on assiste, une véritable plongée dans la mémoire des deux protagonistes, où on en apprend davantage sur les deux enfants que furent, à tour de rôle, Donna et Scott.
Ce n’est que dans les dernières pages, bouleversantes d’émotion, que l’effet miroir prend véritablement forme, que l’on devine que Donna, à sa manière, a tenté de sauver son fils tout autant que Scott a tenté de sauver sa mère, en le plongeant peut être dans de nouveaux abîmes, mais en l’éloignant du mal-être qui le rongeait et qui le détruisait avec autant de force que la leucémie venait à bout de la santé et du courage de Donna.
Nous disparaissons est un roman touchant, qui évoque avec pertinence et force d’émotions l’amour qui unit une mère et son fils, deux êtres à la dérive qui s’entraident, se soutiennent jusqu’au bout, pour réaffirmer leur présence et leur importance à leurs yeux et aux yeux de l’autre, pour ne pas simplement disparaître.
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En savoir +
Nous disparaissons, Scott Heim, Au Diable Vauvert, 2009 (2008 pour l’édition originale), 379 pages
La bande-annonce du livre: http://www.youtube.com/watch?v=u8Xl3TKx7mw
Le site officiel de Scott Heim: http://heim.etherweave.com/
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